Le fichier électoral de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) est stabilisé et consolidé, mais il reste biaisé et nécessite une révision pour intégrer les nouveaux majeurs, indique le rapport final de la mission d’audit de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) rendu public jeudi 12 novembre à Kinshasa. L’OIF a par ailleurs invité le gouvernement et le législateur congolais à poursuivre la réforme de l’état civil sur la base d’un recensement général de la population à vocation d’état civil.
Le chef de la mission de l’OIF, le général Siaka Sangare, a indiqué que le fichier électoral de la Ceni était stabilisé et consolidé, mais qu’il présentait quelques faiblesses à urgemment corriger:
«La mission de l’OIF recommande en effet d’entreprendre des réformes nécessaires permettant d’aboutir à un fichier électoral inclusif, intégrant les jeunes ayant atteint l’âge de 18 ans. Quelle que soit la réforme, il est urgent aujourd’hui que les (nouveaux) majeurs puissent être inscrits sur les listes électorales.»
Ces jeunes sont estimés à environ 7 millions, selon la mission de l’OIF, soit plus de 20% du corps électoral congolais.
En dépit des efforts du dédoublage des électeurs, selon le général malien, ce fichier contient énormément des failles notamment avec la présence des quatre cent cinquante mille doublons identifiés, des policiers et militaires enrôlés. A cela s’ajoutent 1,6 millions d’électeurs décédés depuis 2011.
Ce fichier est néanmoins stabilisé, c’est-à-dire «dans lequel tous les électeurs sont réellement affectés dans un site de vote», a expliqué le chef de la mission de l’OIF.
Il donnait ainsi la conclusion à laquelle est arrivée la mission d’audit du fichier électoral de la RDC effectuée du 17 juillet au 1er aout derniers.
Les experts de l’OIF ont par ailleurs recommandé au Parlement de poursuivre la réforme de l’état civil sur la base d’un recensement général de la population. L’objectif visé est de «créer à l’avenir des liens entre les données issues de ces travaux et la constitution du fichier électoral.»
Pour le député PPRD Emmanuel Shadari, le fichier de la Ceni est «biaisé. Il est corrompu. Il faut donc des réformes, il faut un recensement général, il faut l’enrôlement (de nouveaux majeurs). Il faut corriger » toutes les faiblesses évoquées dans ce rapport.
La Ceni fait siennes les recommandations formulées par la mission de l’OIF pour rendre le fichier électoral inclusif. «Il sera sans doute encore nécessaire de procéder à la même gymnastique pour présenter un fichier encore plus fiable que celui-ci», a estimé le rapporteur de la Ceni, Jean-Pierre Kalamba.
L’audit externe du fichier électoral avait été réclamé par l’opposition, soupçonnant des fraudes. Une frange de l’opposition, fidèle au président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, avait en effet demandé cet audit, avant de signer le code de bonne conduite électorale élaborée par la Ceni.