L’opposition congolaise a invité les députés nationaux à rejeter le projet de budget 2016 que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a présenté lundi 26 octobre à l’Assemblée nationale. Selon Christian Mwando de l’Union nationale des démocrates fédéralistes (Unadef), le gouvernement « s’attelle à remplir juste une formalité constitutionnelle en déposant ce budget qui connait chaque année des sérieux problèmes d’exécution ».
«L’opposition est fatiguée de ce qui est fait par le gouvernement. A chaque fois, il y a des budgets qui sont votés mais lorsqu’on regarde l’exécution, par rapport à ce qui a été voté, on constate que le gouvernement fait fi de la loi de finances et exécute autre chose», a déploré Christian Mwando.
Il a indiqué par exemple qu’en ce qui concerne les investissements en province, 1 103 000 000 FC (1 192 423 USD) ont été budgétisés pour 2015, mais il se dit surpris que le gouvernement ait décaissé beaucoup moins que prévu. L’élu du Katanga estime ainsi que les provinces sont délaissées et les crédits détournés. De plus, certaines lignes budgétaires ne sont pas claires, d’après lui.
«Il y a des choses tel que l’appui au processus de prise de position publique qui est un truc tout à fait vague sur lesquelles le gouvernement nous dit qu’il a dépensé 226 milliards de Fc (244 322 447 USD). C’est-à-dire qu’il y a un problème réel de priorité et de respect », a fustigé le député Mwando de l’opposition.
Autant de raisons qui le pousse à appeler ses collègues à ne pas voter le budget 2016 tel que le gouvernement l’a présenté.
Soutenir les efforts du gouvernement
De leur côté, les députés de la Majorité présidentielle appellent à la recevabilité de ce projet de budget qu’ils qualifient de « réaliste », dans la mesure où il inclut le financement des élections.
«L’opinion là crie tout haut que 2016 est une année électorale. Si nous rejetons la loi des finances de 2016, cela veut dire que nous ne voulons pas aller aux élections», a déclaré Fidèle Likinda, député du PPRD, le parti présidentiel.
Il a indiqué que la MP "ne veut pas porter cette responsabilité [de ne pas aller aux élections]".
«La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a toujours déclaré qu’elle n’a pas les moyens pour organiser les élections et par conséquent, on va aller à un mandat élastique. Et aujourd’hui, le gouvernement, dans le projet de loi sous examen, a mis des moyens à la Ceni», a soutenu Fidèle Likinda. Il appelle plutôt à soutenir les efforts du gouvernement.
Le projet de budget 2016 est chiffré à environ 9 121 011 021 de dollars américains contre 9 184 794 315 en 2015. Un peu plus de 80 de ce budget seront mobilisés localement et 19,6% d’apports extérieurs.
Pour le Premier ministre qui a défendu ce budget à l’Assemblée nationale, ce projet est plutôt réaliste, étant donné qu’il s’élabore dans un environnement international difficile caractérisé par la baisse du prix des matières premières importantes et des préparatifs des élections et du découpage territorial dans le pays.
Matata Ponyo a souligné qu’il est prévu des ressources suffisantes pour le financement des élections, soit 537,8 milliards de FC (580 536 081 USD).