Koffi Olomidé lance mardi 13 octobre 2015 sur le marché du disque l’album «13ème Apôtre». C’est le vingtième album de sa carrière, le dernier des chansons inédites, annonce par ailleurs l’artiste. Dans une longue interview accordée à Radio Okapi, le chanteur au cœur de nombreuses polémiques qui marque d’une empreinte remarquable sa génération répond à cœur ouvert. Sans langue de bois. Interview
Koffi Olomide, comment vous sentez-vous à quelques jours de la sortie de «13ème Apôtre», le 20eme album de votre carrière sur lequel vous travaillez depuis deux ans maintenant ?
Je suis soulagé et pas loin d’atteindre le but escompté. C’est-à-dire avoir cet album qui va être le dernier album des chansons «inédites» de ma carrière. Finalement il va sortir et être à la disposition de tout le monde.
Pourquoi avoir choisi de l’appeler «13ème Apôtre» ?
Parce que je me sens réellement l’Apôtre de Jésus et, je me sens investi par lui.
Jésus avait douze Apôtres et vous avez choisi d’être appelé 13eme Apôtre ?
Oui parce qu’il n’y avait pas des raisons pour qu’il n’y ait pas eu d’Apôtre noir. Il y a eu Mandela, Martin Lutter King, Bob Marley, Mohamed Ali… Il y avait des gens qui auraient pu être des Apôtres de Jésus. Mais je ne comprends pas qu’il n’y ait pas eu des noirs. C’est pour cela que moi je me suis dit qu’après avoir chanté «Petit frère ya Jésus», il y a 20 ans et tout le monde se souvient de la chanson dans l’album «Tchatcho du sorcier», je devais sortir le 13è Apôtre ; tout ce que je suis et ce que j’ai en moi, c’est Jésus. Donc je me suis dit que ça ne peut pas être autre chose que je sois un de ses Apôtres qu’on n’a peut-être pas dénombré du fait que je suis noir. Je suis tellement en moi que je ne peux être qu’un de ses Apôtres.
« 13eme Apôtre » est un coffret de quatre CD et les affiches annonçant la sortie sont visibles non seulement sur la ville, mais aussi à Bruxelles. Est-ce que Koffi a décidé de frapper un très grand coup pour ce dernier né discographique de sa carrière ?
C’est une campagne promotionnelle normale parce qu’il faut que les gens soient informés que l’album arrive le 13 octobre à 13 heures 13 minutes. Nous allons recevoir la presse et les amis le mardi 13 octobre à partir de 11 heures, au siège de «Koffi central» dont le bâtiment s’appelle «Saint James Hall».
Vous avez annoncé que cet album sera le dernier de votre. Certains trouvent en cela une stratégie qui ressemble à une fuite en avant par peur de voir le succès vous lâcher
Je sais qu’il y a toujours eu ces gens qui pensent voir plus que tout le monde, ils savent tout, et voient l’avenir des autres. Moi, je ne m’intéresse pas à ce genre des personnes. C’est à cause d’eux que j’ai fait « Petit frère ya Jésus » et cela fait 30 ans que je suis toujours au haut de l’affiche. Si leur raison d’être c’est abattre Koffi, c’est peine perdue. Moi je serai toujours présent, respectueux du public et faisant mon métier avec passion pour les gens qui m’écoutent.
Koffi les gens disent de vous que vous êtes intelligent, travailleur et perfectionniste. Mais ils vous accusent aussi d’avoir la réputation d’un homme qui a des problèmes avec tout le monde
Non ! je n’ai pas de problème avec les gens mais, je suis le problème de beaucoup de gens parce que je suis « Koffi ». J’aimerai que Radio Okapi invite ces gens pour qu’ils vous disent la nature de ces problèmes. Quand je regarde la télévision par hasard, je vois quelqu’un me taxer de «Vieux Ebola». Mais vous et moi aujourd’hui, constatons que je suis en bonne santé, je fais des tests à chaque voyage. Ensuite, vous voulez que je dise quoi quand je suis chez moi et que je vois à la télé quelqu’un qui fait dire à des porte-paroles que je lui dois de l’argent mais jusqu’à présent, il n’a montré aucune décharge. La personne n’est jamais passée se plaindre en justice pour dire que Koffi lui devait de l’argent. Il y a des gens qui passent dans les émissions à longueur des journées pour parler en mal de Koffi. Quand un musicien quitte mon groupe pour aller dans un autre, on ne dit rien. On se réjouit même. Mais quand c’est le contraire, je deviens un sorcier. Le coupable de tous les maux de la terre.
Si tout était à refaire, quelle erreur Koffi Olomide éviterait dans sa carrière musicale ?
J’aurai eu du mal à éviter l’erreur mais, si on m’avait demandé mon avis, je ne naîtrais pas congolais dans l’univers musical actuel fait de mauvaise foi, de haine, de jalousie… avec une autorité qui ne prend pas soins des artistes. J’ose le dire à la Radio Okapi, nous payons les taxes, nous avons des injonctions tous les jours et en contrepartie il n’y a rien. On ne connait pas les critères légaux pour être artiste ou avoir un orchestre ici en RDC. Aujourd’hui, la musique congolaise est en panne. Nous sommes des laissés-pour-compte. On incrimine beaucoup les combattants qui ont fait du mal à la musique congolaise mais qu’est-ce que l’autorité fait pour les musiciens dans notre pays? Dans nos concerts, il n’y a pas de monde sauf exception. Nous mettons nos banderoles pour annoncer nos concerts parce que personne ne peut payer le prix de la promotion à la télévision nationale. Il y a des compagnies brassicoles qui viennent avec des compensations et des formules pour la promotion de leurs poulains. Koffi et les autres n’avons pas des sponsors, nous mettons nos banderoles dans la rue pour dire aux gens que nous avons des spectacles et l’hôtel de ville prend le plaisir à arracher ces banderoles sans préavis. Moi, je me demande pourquoi ne pas nous convoquer avant d’agir de cette façon ?
Le pire est que nous avons le droit de mettre nos banderoles partout à Kinshasa sauf à Gombe. On nous dit que l’on avait interdit parce qu’il y avait des banderoles sauvages des politiques et des pasteurs. Mais, c’est bien de l’annoncer pour aider la culture de notre pays et, nous autoriser nous à hisser nos banderoles à Gombe. Pourquoi quand Tabu Ley, Luambo et les autres ne sont pas là, on nous interdit de mettre nos banderoles à Gombe pendant qu’eux les faisaient. Je trouve que c’est méchant et ce n’est pas aider la musique congolaise.
Vous savez, nous avons honoré le pays chacun de nous à sa façon. Moi j’ai amené « quatre Kora » gagné en une seule soirée parmi les grands artistes d’Afrique. Ce qui n’avait jamais été fait même avant moi. Le président de la République m’avait honoré en me recevant à l’époque et, avait même gardé « deux Kora ». Mais pourquoi l’autorité de la ville nous interdit de mettre nos banderoles à Gombe alors que tout le monde sait que nous jouons nos concerts au Grand hôtel, à Romeo Golf, à l’hôtel du fleuve… Par contre, quand c’est les Francofolies ou Stromae, les banderoles sont hissées. Cela me fait mal, moi je trouve ça injuste et méchant.
Koffi Olomide, le monde politique congolais est aujourd’hui en ébullition. On assiste à des démissions tous les jours. La dernière en date est celle de Moïse Katumbi. Comment avait vous accueilli cette nouvelle ?
Surpris ! M. Moïse Katumbi, c’est quelqu’un pour qui j’ai de l’estime. Il a toujours été gentil envers moi à chaque fois que j’ai toujours été là-bas. Maintenant, les affaires politiques c’est pour les politiciens.
Vous avez évoqué tout à l’heure l’interdiction de banderoles et tous les problèmes que les artistes ont. Un groupe d’artistes s’est retrouvé à Goma. Ils ont mis en place une association appelée « Bomoko». Est-ce-que Koffi serait prêt à adhérer à cette association ?
Ces gens qui ont été là-bas à Goma, qu’est-ce qu’ils font des autres artistes qui sont majoritaires mais, n’ont pas été là avec eux ?
Ils leurs demandent tout simplement d’adhérer à l’association
En tout cas, aucune question ne m’a été posée en ce sens. On devrait nous dire les objectifs, le mode de fonctionnement, le règlement d’ordre intérieur, les statuts… Moi je ne suis au courant de rien. Donc personne ne s’est intéressée à moi pour ça, alors pourquoi Koffi s’intéresserai à ça.
J’ai quand même posé la question à Felix Wazekwa, qui lui estime que Koffi, pour intégrer cette association doit d’abord changer. Un petit commentaire ?
Non ! Vous savez, moi, il faut mériter d’avoir ma réponse. Il faut en être digne.
Je ne mérite pas d’avoir votre réponse ?
Non, la question ne vient pas de vous pour que je réponde.
Aujourd’hui que «13eme Apôtre» va arriver sur le marché, parlez-nous un peu de votre label «Koffi Central» qui va sortir cet album
J’ai pensé à aider la culture et les artistes notamment les musiciens de mon pays. Mais la porte est ouverte aux Kenyans, Ivoiriens et autres. Donc, c’est un label qui fonctionne pour tout le monde. Je voudrais faire les choses à l’Américaine, accompagner l’artiste de la création de la chanson jusqu’à la fin du clip. Et même pendant la promotion. Donc le conseiller, travailler avec lui…Je verrai comment les choses vont marcher. Déjà j’ai mon orchestre le « Quartier Latin », Cindy Le Cœur et les autres qui viendront. La porte est ouverte mais nous allons être opérationnel six mois après la sortie de mon album. Vous savez, on vous dit que j’ai de la rigueur, je fais ce travail avec un relatif esprit de sérieux. Quant à l’album « 13ème Apôtre » qui nous a déjà été livré à Paris, j’attends voir le sort que la douane congolaise va réserver à ce CD produit par un artiste congolais. Je m’essaie dans la production. J’ai fabriqué 55 000 CD à 14 euros la pièce.
Déjà, il y a des singles que vous avez lancé « Mutshiribara, Bana Zebola et Bling bling ». Et là, on se rend compte que vous avez respecté un certain format. Avant c’était les titres de 10 minutes. Vous vous êtes rendu compte que c’était une erreur de faire des très longues chansons ?
Non! Ça c’est pour juste Trace TV. Vous savez la chanson la plus longue est celle de Michael Jackson. On ne lui reproche rien. Nous nous avons notre identité différente qui est différente de celle des américains. Nous avons nos défauts, je préfère avoir des chansons longues.
Koffi Olomide, votre album a connu la participation de Ferre Gola, Fabregas, Evoloko. Alors pourquoi avoir choisi Evoloko dans le dernier album, les occasions ne se sont-ils pas présentées avant ?
Il n’était pas disponible, vous savez, j’ai toujours rêvé de ça, Evoloko était notre idole et on l’appelé le dieu de la chanson.
Koffi Olomide merci.
Merci Radio Okapi.
Interview réalisée par Nico Kalambay.
Vous pouvez suivre Koffi Olomidé dans l’émission Round Up diffusée sur les ondes de Radio Okapi, vendredi 9 octobre 2015 à 21 heures et rediffusée samedi 10 octobre à 13 heures, heure de Kinshasa.