L’Union européenne exige désormais des preuves d’exploitation légale pour importer du bois en provenance de la RDC. C’est ce qu’a déclaré, vendredi 10 mai, l’assistant technique au projet d’appui à la gestion durable des forêts, Guy Roulette. Au cours d’un atelier de sensibilisation organisé à Kinshasa, il a demandé aux exploitants forestiers de la RDC de veiller sur la légalité des bois qu’ils veulent exporter vers l’Europe.
Guy Roulette reconnaît que cette mesure constitue un risque pour les exploitants forestiers congolais.
« Il est bien entendu que ce règlement [de l’UE dans le domaine du bois] constitue un risque pour les produits des exportateurs congolais dans la mesure où s’ils ne sont pas en mesure de donner aux importateurs [de l’Union européenne] les éléments de preuve de l’origine légale des bois, ils ne pourront plus exporter leur bois. Les importateurs vont dire que le bois qui vient du Congo a trop de chances d’être illégal », déclare-t-il.
Il se dit aussi conscient que cette mesure peut rendre réticent certains importateurs européens de bois à acheter du bois en provenance de la RDC.
« Ce sont des importateurs européens qui vont être soumis à des sanctions de la part de leurs pays s’ils importent du bois illégal. Ils vont dire si le Congo n’est pas capable de produire du bois légal, moi je ne veux plus importer du bois du Congo », explique-t-il, soulignant l’utilité de l’atelier :
« Pour nous, ce qui est important c’est de nous mettre ensemble autour d’une même table : les producteurs industriels, détenteurs des contrats de concession que nous appuyons dans le cadre du projet et l’administration forestière pour développer des stratégies et des outils pour fournir toute la documentation qui rassure les importateurs sur le caractère légal de la provenance des bois. »
De son côté, le président de la Fédération des industriels de bois en RDC estime que la stricte application de ce règlement de l’Union européenne permettra à la RDC d’appliquer « strictement » son code forestier et l’adapter aux normes internationales.
Le règlement sur le bois de l’Union européenne est entré en vigueur le 3 mars dernier. Il interdit la commercialisation du bois d’origine illégale dans l’espace européen.
« L’exploitation illégale des forêts consiste à récolter du bois en violation de la législation et de la réglementation du pays où le bois est récolté », indique le règlement qui couvre notamment les produits en bois massif, les revêtements de sol, le contreplaqué, la pâte et le papier.
Depuis le mois de janvier, des opérateurs asiatiques sont accusés d’avoir exporté frauduleusement plus ou moins 500 tonnes de grumes de Kalemie, dans le Katanga.
Pour enquêter sur les soupçons d’exploitation frauduleuse de bois à Kalemie, le ministère provincial de l’Environnement du Katanga a interdit l’exploitation du bois dans le district du Tanganyika depuis le 29 avril dernier.
Au mois d’avril dernier, 40 mètres cubes de bois sciés Afromosia ont été saisis à Anvers (Belgique). Ces bois provenant de la RDC auraient des origines illégales.
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