Kinshasa: les ports fermés continuent de fonctionner

Vue aérienne des balénières au Beach de Kinshasa, 2005.

Vingt ports de la ville de Kinshasa fermés au trafic début septembre par le ministre des Transports et Voies de communications, après une enquête de viabilité, continuent de fonctionner. Des mesures d’application de cette décision semblent n’avoir pas été clairement définies, a constaté Radio Okapi sur le terrain, ce mercredi 3 octobre.

Dans les ports de Kinshasa, les activités se déroulent comme à l’accoutumée, malgré l’ordre de fermeture donné par le ministre des Transports il y a un mois. Des sources sécuritaires œuvrant dans les ports visités ont affirmé avoir appris la décision de fermer ces ports dans les médias.

Elles disent n’avoir pas été formellement saisies pour faire le suivi de la mesure. D’autres sources sécuritaires s’exprimant sous le sceau de l’anonymat ont déclaré à Radio Okapi qu’une embarcation a été autorisée à décharger sa cargaison au port Celco, pourtant censé être fermé.

Selon ces sources, l’ordre de décharger cette cargaison serait venu du ministère des Transports. Après ce déchargement, les activités ont normalement repris dans ce port.

Au port des inflammables communément appelé « Mokonzi Ngbaka », des éléments se réclamant des services de sécurité autorisent l’accostage des bateaux, l’embarquement et le débarquement des passagers et de leurs marchandises.

De vingt ports frappés par d’interdiction d’activités, aucun n’a respecté la mesure du ministre des Transports.

Lire la liste des ports et beachs fermés dans la circulaire du ministre en PDF.

A l’ouverture des états généraux des voies navigables lundi 27 août, le ministre des Transports et voies de communication Justin Kalumba avait indiqué que cent cinquante-trois naufrages avaient été enregistrés sur le fleuve Congo et les rivières de la RDC entre 2008 et 2011.

Ils avaient causé la mort de quatre mille sept cent soixante-dix (4770) personnes, soit une moyenne mensuelle de cent morts. C’est pour remettre de l’ordre dans le secteur de la navigation fluviale que le ministre des Transports avait pris cette décision.

Mercredi avant-midi, une rencontre «de rappel à l’ordre» a regroupé les membres de la coordination du secrétariat général au ministère des Transports et les opérateurs économiques du secteur de la navigation  fluviale. Sur instruction du ministre, le secrétaire général Jean Pierre Lamba a invité les armateurs, tenanciers des ports et des chantiers navals à respecter cette mesure de fermeture.

«Nous voulons savoir qui se moque de qui ? Est-ce que l’Etat doit continuer à apprécier le mauvais comportement des opérateurs économique du secteur des voies navigables ? Qu’est-ce qui vous empêche de vous mette en règle vis-à-vis des lois de votre pays ?», a demandé Jean Pierre Lamba aux opérateurs concernés.

Le rapport du contrôle technique établi par les inspecteurs de ce ministère, selon lui, indique par exemple que certains opérateurs fonctionnent depuis sept ou huit ans avec des autorisations provisoires. Jean Pierre Lamba a martelé que le Gouvernement était déterminé à mettre fin à ce désordre:

«A partir d’aujourd’hui, vous mettez fin aux multiples recours que vous êtes en train de nous transmettre pour examen. Le Gouvernement demande aux opérateurs économiques du secteur fluvial et navigable de se mettre en ordre

Mais les opérateurs du secteur fluvial n’entendent pas les choses de cette oreille. Ils ont demandé qu’une commission mixte soit instituée pour procéder à une contre-expertise de ces sites, conformément aux dispositions du code de la navigation.

Le président honoraire des transporteurs maritimes à la Fédération des entreprises du Congo (Fec), Didier Mukoma, a expliqué:

«Il y a plusieurs éléments qui n’ont pas été pris en compte [par les enquêteurs du ministère]. C’est pourquoi nous demandons une contre-expertise pour que nous puissions déterminer les chantiers, les bateaux ou les ports qui ne respectent pas les normes.»

Ecoutez-le:

Fichier audio : téléchargez Flash pour écouter.

Lire aussi sur radiookapi.net: