Les manifestations de lundi 19 janvier contre la nouvelle loi électorale ont fait au moins quatre morts, selon un bilan livré à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement. Un policier et trois manifestants font partie des victimes, a indiqué Lambert Mende, démentant les allégations d’usage des balles réelles imputées aux forces de l’ordre.
Treize sous-commissariats de la police ont été incendiés et quelques armes Uzi emportées, a précisé le porte-parole du gouvernement. D’après lui, les incidents ont été signalés dans neuf communes sur les vingt-quatre que compte la ville de Kinshasa, capitale de la RDC. Dans plusieurs communes dont Lemba, Ngaba, Makala, Kalamu, les commerces tenus par les ressortissants chinois ont été pillés.
« Le gouvernement fera payer “rubis sur l’ongle” les coupables en les déférant devant la justice pour indemniser les commerçants victimes de pillages», a promis Lambert Mende, faisant allusion aux opposants qui ont lancé l’appel à manifester contre la loi électorale adoptée à l’Assemblée nationale.
Les opposants estiment que la loi électorale, qui lie la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives censées avoir lieu en 2016 au recensement, est susceptible d’entraîner un report de ces scrutins. Il pourrait ainsi permettre au chef de l’État, Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001, de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat qui doit s’achever en 2016.
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Du côté de l’opposition, on avance un bilan plus lourd. Le député national Albert Fabrice Puela, président du Parti pour la renaissance du Congo (Reco), affirme avoir dénombré au moins 14 morts.
«Nous-mêmes, nous étions témoins lorsque le jeune Denis Makengo a reçu une balle qui lui a traversé la poitrine. Nous l’avons emmené à Mama Yemo. C’est là qu’on va nous dire d’aller au niveau de la morgue parce qu’on venait d’y déposer 10 corps… et cela hormis le policier qui a été tué, hormis le cas des deux étudiants qui ont été tués au niveau de Righini et sur le campus, et le cas d’un infortuné dont on venait de nous donner l’identité», a-t-il raconté à l’AFP.
Dans la matinée, le périmètre du Palais du peuple, siège du Parlement, était quadrillé par les forces de l’ordre qui filtraient les accès.
Jusqu’en milieu d’après-midi, des échauffourées ont opposé plusieurs groupes de jeunes et la police à coups de pierres et de gaz lacrymogènes, dans divers quartiers populaires de la capitale, dont plusieurs axes ont été coupés par des barrages de pneus enflammés.
Des coups de feu ont été entendus en plusieurs endroits de la capitale, où une dizaine de voitures au moins ont été brûlées.
A Lemba Righini, une église branhamiste fréquentée par un haut responsable de la police kinoise été incendiée, selon plusieurs fidèles de cette église.
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