Kinshasa : la grève des magistrats peu suivie

Des magistrats devant la primature, lors d’une marche de protestation contre leurs conditions de travail, mardi 30/09/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

La grève des magistrats décrétée depuis lundi dernier reste timide à Kinshasa. Trois jours après son déclenchement, un groupe suit ce mouvement et un autre a décidé de siéger. Dans la matinée de mercredi 5 novembre, les grévistes se sont spontanément retrouvés avec des sifflets devant le Palais de justice pour sensibiliser quelques-uns de leurs collègues qui travaillent à rejoindre leur mouvement.

Ce  groupe de magistrats ont tenté,  sans succès, d’empêcher leurs collègues de siéger.

Pour l’officier du ministère public, Shabani Watenda, «il n’y a pas d’audiences dans les cours et tribunaux. Les détentions deviendront irrégulières parce que les magistrats ne travaillent pas ».

Mais après une ronde dans quelques cours et tribunaux de Kinshasa, des audiences se tiennent.

Le Conseil supérieur de la magistrature dit ne pas reconnaître cette grève.

Son président vient d’ouvrir une enquête pour identifier « les fauteurs de trouble ».

Même point de vue pour le porte-parole du gouvernement qui qualifie ce mouvement d’illégal. Car, dit-il, la revendication des magistrats n’est pas syndiquée.

De leur côté, les grévistes indiquent qu’ils ne se laisseront pas intimider.

« La décision du premier président de la Cour suprême de justice ne nous engage pas, parce que le mouvement est spontané. Nous ne voulons pas une connotation syndicale », a ajouté Shabani Watenda.

Les magistrats ont décrété depuis lundi 3 novembre une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national. Ils réclament le payement de 1600 dollars américains comme salaire de base pour un magistrat.

Grève inopportune

L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), considère que les magistrats ont mal choisi le moment pour déclencher leur grève. Son coordonnateur provincial, Me Adrien Ilobakweyi Pero, les invite à reconsidérer leur position, en attendant l’adoption de la loi financière à l’Assemblée nationale.

« La grève est légale et légitime parce que la loi budgétaire n’est pas encore promulguée. Et nous nous demandons par quel miracle le gouvernement pourra reprendre aux revendications des magistrats », a déclaré Me Adrien Ilobakweyi Pero, avocat au barreau de Kananga.

Pour lui, ils devraient attendre au mois de janvier lorsque le budget sera mis en application.

Me Adrien Ilobakweyi Pero estime que ce sont les prévenus et détenus qui en pâtissent.

 « Il n’y a pas longtemps, les juridictions des provinces ne fonctionnaient pas à cause du nombre très réduit de magistrats du siège. Il y a eu accumulation du nombre de dossiers. Lancer encore une grève après quelques jours seulement du début des déroulements de ces audiences, c’est privé toutes ces personnes qui sont en détention [de leur droit]. Il y a des plaidoiries et des prononcés qui étaient prévus et ces personnes attendent connaître leur sort », a-t-il ajouté.

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