RDC : application des recommandations des concertations nationales, des politiciens encore optimistes

Le président de la RDC, Joseph Kabila à la cérémonie de clôture des concertations nationales, le 5 octobre 2013. Photo Monuc/M. Asmani.

Des membres de la Majorité présidentielle, plate-forme de soutien à Joseph Kabila, et de l’opposition ayant participé aux concertations nationales sont optimistes sur la mise en œuvre par le chef de l’État des recommandations de ces assises. Le chef de l’Etat congolais s’y est engagé au cours de la traditionnelle annonce à la nation à la veille de la célébration du 30 juin. Mais l’analyste politique Joseph Kongolo estime que le retard enregistré dans la mise sur pied du gouvernement d’union nationale, une des recommandations de ces concertations, est lié au flou qui entoure l’avenir politique du chef de l’État.

Dans son discours à la nation, Joseph Kabila a réaffirmé son engagement à accélérer la mise en œuvre des recommandations issues des Concertations nationales «de façon méthodique mais en évitant toute précipitation».

Le gouvernement d’union nationale est sans doute la plus attendue de ces recommandations en RDC.

Kimbembe Mazunga, conseiller du chef de l’État, voit en cette affirmation une «promesse» du numéro un de la République.

«C’est une promesse du chef de l’État. Le chef de l’État ne vous donne pas de délai. C’est tout un processus et ce n’est pas par un coup de baguette magique. Il y a un mécanisme qui se met en place. Nous devons attendre les résultats», a-t-il affirmé.

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Le député national Piko Mwepu de la Majorité présidentielle note une volonté de Joseph Kabila « d’amener tous les fils sur le chemin de la cohésion nationale ».

Il estime que le chef de l’État prend son temps afin de bien juger de la situation avant de désigner les membres du nouveau gouvernement.

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«Le temps qu’il a pris, il a connu quand même tout le monde, il a évalué la situation. Maintenant, je crois qu’il peut prendre les gens qui ont l’amour du Congo pour le servir. Je crois que cette fois-ci, le président est dans une bonne position, au lieu de se précipiter dans le choix des personnes qui doivent conduire notre pays», a-t-il défendu.

Un avis partagé par les opposants qui ont participé aux concertations nationales.

«Nous pensons que ce sera une bonne chose parce que, déjà, il a commencé à matérialiser ce qu’il avait dit. Il a publié l’amnistie. La suite, ce que tout le monde attend, s’il le matérialise, bon… que Dieu soit loué. Nous pensons qu’il va tenir à sa parole», espère le député Omer Egwake.

Dans le même sens, Joseph Olengankoy, aussi membre de l’opposition, dit voir en Joseph Kabila «un grand responsable de la République». Il attend cependant de voir « sa foi démontrée par les œuvres».

«Kabila hésite sur son avenir politique »

L’analyste politique Joseph Kongolo estime que le retard enregistré dans la mise sur pied du gouvernement d’union nationale promis par le chef de l’Etat en octobre 2013 est dû au fait qu’il hésite sur son avenir politique.

«Le temps pris par le chef de l’État s’explique par le fait qu’il n’a pas pris de précision sur ce qu’il doit être, et qu’il subit les pressions internationales, les pressions de la rue, les pressions de l’opposition aujourd’hui, Et je crois que c’est cette incertitude de son avenir politique qui joue en profondeur sur ce retard sur la mise en place du gouvernement de cohésion nationale», estime-t-il.

M. Kongolo évoque deux scénarios. L’un, dans le cas où Joseph Kabila décide de « faire un forcing » en restant au pouvoir au-delà de 2016 et l’autre, dans le cas où il ne se représente pas.

« S’il précise sa vision politique de manière à faire un forcing électoral pour avoir un troisième mandat présidentiel, il n’est pas constitutionnel. En ce moment là, il doit mettre en place un gouvernement de kamikaze pour opérer le forcing. Et si c’est pour arrêter en 2016, je crois qu’il doit mettre sur pied un gouvernement qui soit capable de séduire suffisamment la population de manière à ce qu’il atterrisse politiquement en douceur et en harmonie avec la population», suppute-t-il.

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