Le président de la société civile de Rutshuru, Jean-Claude Mbabaze, accuse les groupes armés de commettre de diverses exactions contre la population civile dans ce territoire du Nord-Kivu. Le patron de cette structure a brossé, jeudi 5 juin, un état des lieux sécuritaire sombre devant plusieurs acteurs sociopolitiques et militaires, réunis par une délégation mixte de la Monusco, en mission sur place.
Selon Jean-Claude Mbabaze, les groupes armés divers gèrent des zones entières de plusieurs groupements du territoire de Rutshuru.
«Depuis environ un mois, des personnes sont tuées et d’autres enlevées par les combattants de ces groupes armés qui circulent et continuent de faire la loi, sur l’axe Nyamilima-Kisharu ainsi que sur l’axe Tongo», a dénoncé le président de la société civile de Rutshuru.
Jean-Claude Mbabaze a également accusé ces miliciens d’avoir érigé des barrières sur ces différents axes, où ils font payer des taxes à tous les voyageurs avant de les laisser passer.
La société civile de Rutshuru pointe également le doigt accusateur vers certains militaires incontrôlés qui, selon cette structure citoyenne, extorquent et tirent parfois sur de paisibles citoyens qui tentent de leur résister dans leurs excès.
Les responsables militaires présents dans la délégation mixte à Rutshuru ont reconnu qu’«il ne manque pas de brebis galeuses, surtout dans une armée composite et en reconstruction comme l’armée congolaise. Toutefois, lorsque les cas sont flagrants ou avérés, les commanditaires sont punis par la justice militaire».
L’insécurité a refait surface depuis trois mois dans le territoire de Rutshuru, où des sources sur place affirment qu’il ne se passe plus une semaine sans qu’on annonce des attaques contre les populations civiles.
Les grands centres urbains du territoire de Rutshuru sont sécurisés par les éléments de la police nationale congolaise tandis qu’ailleurs ce sont des groupes armés qui ont installé leur propre « police de proximité», selon des sources concordantes.
Les éléments de la police nationale congolaise avaient remplacé fin 2013 les FARDC dans plusieurs zones jadis occupées par l’ancienne rébellion du M23 afin de sécuriser la population.Interrogé en avril dernier, le général Charles Bisengimana avait reconnu que «la police nationale congolaise n’a pas la capacité de faire face aux groupes résiduels encore actifs sur place». Pour lui, ce travail revient à l’armée.
Le chef de la police congolaise avait indiqué que la police était confrontée à l’insuffisance de moyens logistiques et que les missions de « lutte contre les groupes armés soient remplies par l’armée, parce que ce ne sont pas les missions de la police».
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