Procès de Minova: «Nous partageons à 100 % la déception des victimes», affirme Scott Campbell

Scott Campbellle le 14/11/2012 à Kinshasa, lors de la publication du rapport de nations unies sur l’abus de droit de l’homme à l’Est de la RDC. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

«Nous partageons à 100 % la déception des victimes de viols massifs et autres crimes à Minova », a déclaré Scott Campbell, le directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH) à Goma, mercredi 7 mai. Pour lui, il est difficile de comprendre que la justice a été rendue vu que deux personnes seulement ont été reconnues coupable de crime de viol, alors qu’il y a eu plusieurs dizaines de victimes.

Trois militaires ont été condamnés à perpétuité et vingt-trois à des peines lourdes allant de 10 à 20 ans, lundi 5 mai à l’issue du procès dans le procès sur les viols perpétrés à Minova en novembre 2012. Treize militaires ont été acquittés sur les 39 poursuivis par le ministère public dans le cadre de cette affaire qui s’est déroulé après la prise de Goma par la rébellion du M23.

Lors de la conférence de presse hebdomadaire des Nations unies, Scott Campbell a aussi affirmé le respect de la Monusco pour l’indépendance de l’appareil judiciaire en RDC. La mission onusienne dit attendre de lire et d’étudier la motivation de la cour afin de se prononcer sur le fond du problème.

Il a exprimé le soutien de la Monusco à l’auditeur militaire qui a décidé de poursuivre les enquêtes.

«La Monusco reste fermement à côté de l’auditeur militaire qui s’est engagé à continuer les poursuites afin que tous les responsables de ces crimes soient traduits et éventuellement punis. Et nous restons à côté des victimes pour assurer que ces réparations soient rendues concrètes», a indiqué Scott Campbell.

« Un jugement faible »

Après le prononcé du verdict du procès Minova, des activistes des droits de l’homme du groupement de Buzi Minova ont évoqué un jugement faible qui ne tient pas compte de l’indemnisation des victimes.

Safari Maneno Apollinaire, un de ces activistes de Minova, reconnaît que ce jugement «vaut son pesant d’or puisque venant dédouaner la responsabilité du gouvernement congolais». Il invite cependant le tribunal à prévoir une indemnisation pour les victimes.

«C’est un jugement qui a des faiblesses puisqu’il n’y a pas d’allocations en terme de dommages et intérêts à l’endroit de victimes qui ont été violées», a-t-il regretté.

Abondant dans le même sens, une autre activiste des droits de l’homme, Sifa Masaki Gourette, a estimé, quant à elle, que le verdict de ce procès aurait dû être rendu à Minova, où les crimes ont été commis.

«Plus d’une centaine de personnes ont été violées, et seuls deux cas ont été jugés. Vraiment, c’est désolant. On devrait juger les personnes de la manière dont ils avaient commis les crimes», a-t-elle déploré.

Elle s’interroge du sort des autres femmes et filles violées et dont les cas n’ont pas été jugés par le tribunal.

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