Les expulsions des Congolais de la RDC vivant à Brazzaville, débutées depuis deux semaines, se poursuivent. Au cours d’un point de presse lundi 28 avril, le député national Clément Kanku a demandé au Gouvernement de la RDC de saisir les instances juridictionnelles internationales pour dénoncer ce qu’il considère comme « un crime contre l’humanité », compte tenu des maltraitances dont sont victimes les expulsés.
Le président du Mouvement pour le renouveau demande au gouvernement de prendre des mesures conséquentes, de rappeller son ambassadeur en place à Brazzaville et de rompre les relations diplomatiques avec ce pays voisin. Des relations qui, selon lui, n’apportent rien à la République démocratique du Congo.
L’élu de Dibaya au Kasaï-Occidental a aussi invité les ONG congolaises de droits de l’homme ainsi que le gouvernement à traduire les autorités congolaises de Brazzaville devant les instances juridictionnelles internationales.
« Nous estimons qu’il faut que le Gouvernement saisisse les instances internationales car ce qui se passe là-bas, c’est ce qu’on appelle crime contre l’humanité. Ca s’apparente à un génocide car c’est une communauté qui est visée du fait de son identité. Nous avons des images où le général Ndengue [chef de la police congolaise] annonçait il y a quelques mois qu’ il fallait absolument commencer à tuer les Zaïrois [Congolais de la RDC]. Nous considérons que le général Ndengue est l’auteur intellectuel de tous les crimes contre l’humanité qui se passent [à Brazzaville]», a déclaré Clément Kanku.
Les excuses de Brazzaville
Les maires des deux capitales les plus proches du monde se sont réunis lundi 28 avril afin de s’entretenir sur cette vague d’expulsions. Le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, a affirmé que son homologue Hugues Ngouelondele et lui ont émis des recommandations qu’ils présenteront à leurs gouvernements respectifs. Leur souci est que cette opération cesse au plus vite, a-t-il souligné.
« Il y a trois ans la même opération s’était déroulée. Nous avions obtenu de nos gouvernements respectifs de nous accorder l’autorisation de résoudre la situation à notre niveau et l’hémorragie a été arrêtée. Il y a une convention tripartite entre les deux Congo et l’Angola prévoyant que les pays ont le droit d’expulser ceux qui troublent l’ordre public et qui ne sont pas en règle, mais ça doit se faire après avoir informé préalablement le gouvernement (concerné) et dans le respect des personnes », a expliqué André Kimbuta.
Le maire de Brazzaville a présenté des excuses aux Kinois face aux dérapages des policiers de son pays engagés dans l’opération d’expulsion dénommée « Mbata ya mokolo » ( en français, “gifle de l’aîné”). Une opération pendant laquelle près de 40 000 Congolais de la RDC ont été expulsés.
Conditions de vie difficiles des expulsés
A Kinshasa, dix mille expulsés sont regroupés au stade Cardinal Malula et à l’esplanade de la commune de Kinshasa depuis samedi 26 avril, selon la Direction générale de migration (DGM). Les conditions d’hébergement sont difficiles dans ces sites.
En attendant de se faire enregistrer, les expulsés demeurent sous un soleil de plomb pendant la journée. Les enfants étouffent, se plaignent certaines femmes. De plus, la plupart de ces expulsés passent la nuit à la belle étoile, exposés aux pluies qui s’abattent régulièrement sur la capitale, alors que d’autres s’abritent sous des tentes érigées par la Croix-Rouge et le gouvernement provincial.
Reconnaissants pour l’accueil et le transport qui leur est pourvu en vue de rejoindre leurs familles, les expulsés ont demandé au chef de l’Etat d’en faire plus.
Ces expulsés se font identifier auprès des services de la DGM. Ils reçoivent un jeton pour leur identification avant de rejoindre leurs familles respectives.
Lundi dans la journée, de nouveaux expulsés sont venus de Brazzaville. Neuf bus Transco ont conduit plusieurs dizaines d’entre eux dans les sites aménagés à Kinshasa pour les accueillir.
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