L’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la région de Grands lacs, Mary Robinson, a rencontré lundi 28 avril le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila. Selon elle, Joseph Kabila, a assuré que personne ne sortira du cadre de l’accord d’Addis-Abeba. Lors de son arrivée dimanche à Kinshasa, l’ancienne présidente de l’Irlande a indiqué qu’elle est venue à Kinshasa pour entamer une tournée régionale consacrée à la mise en œuvre de cet accord sur la paix dans l’est de la RDC.
Mais avant de rencontrer Joseph Kabila, Mary Robinson a échangé avec le ministre des Affaires Etrangères, Raymond Tshibanda. A l’issue de cette rencontre, elle a déclaré qu’elle est venue à Kinshasa pour « beaucoup écouter et avoir des discussions franches » avec les autorités congolaises et tous les signataires de l’accord-cadre d’Addis-Abeba pour « explorer toutes les solutions aux conflits de la Région [des Grands lacs].
« J’ai l’intention de beaucoup écouter mais aussi d’avoir des discussions franches. Et nous avions des discussions franches avec le ministre des Affaires Étrangères, j’aurai aussi des discussions franches avec les autorités et la société civile sur la mise en œuvre de l’accord-cadre. J’ai aussi l’intention d’explorer toutes les solutions aux conflits dans la région et surtout dans ce pays [la RDC] », a-t-elle affirmé.
Onze pays africains ont signé le 24 février l’accord-cadre sur la paix dans l’Est de la RDC à Addis-Abeba. Cet accord interdit notamment aux pays voisins de la République démocratique du Congo de soutenir les mouvements rebelles qui sévissent dans l’Est du pays depuis près de deux décennies.
Mary Robinson dit aussi être venue en RDC pour « favoriser l’intégration régionale (…) et qualifier l’accord cadre du 24 février 2013 ».
« J’ai aussi l’intention de favoriser l’intégration régionale et le développement économique et de qualifier l’accord cadre du 24 février 2013. Je suis convaincu qu’il offre un véritable espoir pour la paix, la sécurité et le développement économique dans la région », a ajouté l’envoyée spéciale de Ban Ki-Moon.
Mary Robinson estime que la concrétisation de cet accord est possible « à condition que les acteurs signataires s’engagent à le mettre en œuvre ».
« Au cours de ma visite, je vais rencontrer le président Kabila, le Premier ministre et les autorités nationales et provinciales du Nord-Kivu pour discuter de la mise en place de mécanisme national de suivi prévu par l’accord cadre », a-t-elle précisé.
Dimanche 25 février, le gouvernement congolais avait estimé que cet accord-cadre était avantageux pour la RDC « dans la mesure où il prend en compte les volets interne et externe de la crise dans l’est ».
Satisfaction du gouvernement
« Le gouvernement de la RDC se réjouit de la visite de madame Robinson, parce qu’elle marque le début de la mise en œuvre aussi bien de la mise en ouvre de l’accord-cadre qui a été signé à Addis-Abeba que de la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré Raymond Tshibanda.
Le ministre congolais a rappelé que dans le cadre de cette résolution, il a été décidé de déployer la Brigade d’intervention [de la Monusco] pour assurer la protection et la surveillance des frontières, «mais aussi et surtout pour mettre fin à l’existence des groupes armés en commençant par le plus virulent d’entre eux, avec en tête, le M23».
Raymond Tshibanda se dit confiant quant à la matérialisation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la résolution 2098, votée jeudi 28 mars par le Conseil de sécurité des Nations unies, créant la Brigade d’intervention de la Monusco.
« Je voudrais dire qu’au moment où nous parlons, le processus avance comme prévu, le général de cette Brigade est déjà sur place à Goma, les premières unités sont annoncées autour du 30 avril comme initialement prévu, nous sommes confiants et nous pensons que les choses vont se passer comme initialement prévues », a ajouté le ministre des Affaires étrangères.
Le Mouvement du 23 mars, l’un de ces groupes armés créé en mai 2012, occupe plusieurs localités de la province du Nord-Kivu. Des rapports des experts des Nations unies accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir cette rébellion qui est actuellement en pourparlers avec le gouvernement congolais à Kampala. Ces deux pays ont toujours nié ces allégations.
Respect de l’accord
Après avoir reçu la société civile et les organisations féminines, Mary Robinson a appelé, dans une interview à Radio Okapi, les pays signataires de l’accord d’Addis-Abeba « à prendre au sérieux ce qu’ils ont signé ».
« Je sais qu’il y a cette atmosphère et ce sens de méfiance, il faut qu’il y ait la possibilité de générer la confiance. Et la façon de le faire, c’est que chaque pays prenne au sérieux ce que le gouvernement a signé dans cet accord », a-t-elle déclaré.
L’envoyée spéciale de l’ONU pour la région de Grands lacs a souligné qu’elle n’a aucun autre agenda que de travailler pour le retour de la paix dans cette région et le respect des droits de l’homme.
Elle est confiante que ce retour de la paix passe notamment par l’engagement des pays signataires de l’accord, mais aussi le déploiement de la Brigade d’intervention de la Monusco.
Mais le Rwanda a émis des réserves quant au déploiement de cette force.
Pour Robinson, Kigali devra mettre de la bonne volonté pour le respect de l’accord.
« J’espère bien et je vais à Kigali pour les discussions et je vais suivre pendant les semaines et les mois ce que le Rwanda et l’Ouganda vont faire de cet accord. Je serai très directe et très franche, s’il y a un problème », a-t-elle garanti.
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