Plusieurs dizaine de militaires en provenance du Rwanda ont traversé la frontière ces trois derniers jours pour renforcer les troupes du Mouvement du 23 mars au Nord-Kivu, a dénoncé jeudi 4 avril, le président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu au cours d’une conférence de presse tenue à Goma. Selon lui, ces renforts viseraient une nouvelle attaque de la ville de Goma pour obliger le gouvernement à céder aux revendications du M23.
« Les mêmes militaires qui sont allés au Rwanda sont en train d’être ramenés discrètement pour appuyer ceux qui sont à Rutshuru. Des informations vraiment concordantes font état d’une concentration des hommes et des armes sur l’axe Rumangabo-Kibumba, justement dans l’unique but de faire un assaut sur la ville de Goma », a affirmé Jules Hakizimwami sans préciser s’il s’agit de militaires congolais ou rwandais.
Cette dénonciation intervient après que le gouvernement rwandais a annoncé, mercredi, avoir relocalisé à plus de 100 km de la frontière congolaise les rebelles du M23 qui ont été défaits à Kibumba par une faction rivale de cette rébellion le 16 mars dernier. La ministre rwandaise des réfugiés avait déclaré que son pays avait accueilli ses hommes pour des raisons humanitaires et que ces derniers devaient entre choisir entre le statut des réfugiés et leurs activités militaires.
« Nous sommes fatigués. La population de Rutshuru, de Nyiragongo, de Goma, de Masisi et de partout ailleurs ne sont pas de cobayes sur lesquels il faut expérimenter la performance des armes, la performance des militaires qui sont aguerris dans le domaine des combats », a déploré Jules Hakizimwami.
Selon lui, la tentative des rebelles du M23 d’occuper de nouveau Goma est orchestré par des pays voisins de la RDC.
« Nous pensons que trop c’est trop et nous sommes en train de porter à haute voix notre dénonciation contre justement cette tentative d’occupation, la énième, surtout que c’est toujours avec l’aide des pays voisins! Et nous savons des sources concordantes qu’ils se font aider par les pays voisins », a-t-il assuré.
Le président de l’assemblée provinciale du Nord-Kivu a demandé aux Forces armées de la RDC et à la Monusco de prendre les dispositions qui s’imposent pour éviter que la population de Goma revive ce qu’elle a vécu en novembre dernier lorsque le M23 a occupé cette ville stratégique du Nord-Kivu pendant plus d’une semaine.
Créé au mois de mai, les rebelles du M23 sont issus du CNDP de Bosco Ntaganda. Ils exigent la pleine application des accords signés entre le gouvernement et le CNDP le 23 mars 2009, qui prévoyait notamment la reconnaissance des grades des rebelles, l’amnistie et la transformation de ce mouvement en parti politique, le retour des réfugiés.
Après avoir occupé brièvement Goma, fin novembre 2012, les rebelles s’en sont retirés en échange des négociations ouvertes à Kampala depuis décembre et qui sont suspendues à l’heure actuelle.
Le 24 février dernier, onze pays africains ont signé un accord-cadre pour le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC sous l’égide des Nations unies. Ils se sont engagés à ne pas soutenir les criminels et les groupes armés qui déstabilisent la région. Ces chefs d’Etat ont imaginé une force d’intervention que l’Onu a créée au sein de la Monusco pour combattre les groupes armés.
Après la création de cette force dotée d’un mandat offensif que l’Onu appelle « brigade d’intervention », Kinshasa a appelé le M23 à cesser d’exister. Le M23 a pour sa part désapprouvé la création de cette brigade, accusant l’Onu d’avoir lever l’option de guerre non celle de la paix.
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