La CPI réclame le transfert « immédiat » de Bosco Ntaganda à la Haye

La procureure de la CPI, Fatou Bensouda

La Cour pénale internationale (CPI) salue la reddition du chef rebelle congolais Bosco Ntaganda à l’ambassade des Etats-Unis au Rwanda et réclame son transfert « immédiat » à La Haye pour qu’il soit jugé. Bosco Ntaganda est poursuivi pour des crimes contre l’humanité et crimes de guerre qu’il aurait commis en Ituri entre 2002 et 2003.

« La CPI salue la nouvelle de la reddition de Bosco (Ntaganda, ndlr). C’est une grande nouvelle pour le peuple de RDC qui a souffert des crimes d’un fugitif de la CPI pendant trop longtemps », a indiqué le bureau du procureur de la CPI dans un courriel adressé à l’AFP.

« Nous contacterons les autorités compétentes dans la région afin de faciliter son transfert immédiat », lit-on encore dans le document du bureau du procureur.

La coopération du Rwanda attendue

Washington a dit espérer, mardi, l’aide du Rwanda pour transférer le général rebelle de la République démocratique du Congo (RDC) Bosco Ntaganda, actuellement réfugié à l’ambassade américaine à Kigali, devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye qui le réclame.

“Nous attendons que le gouvernement rwandais coopère et facilite son transfert vers la CPI, conformément à ses engagements”, a souligné la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, lors d’un point de presse.

“Je voudrais rappeler que le ministre de la Justice (rwandais) a tweeté, il n’y a pas si longtemps, qu’il assurerait le passage en toute sécurité” du rebelle congolais, a ajouté Mme Nuland, indiquant que les Etats-Unis rappelleraient au Rwanda qu’il doit respecter ces “attentes”.

En novembre 2012, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, avait estimé que Bosco Ntaganda était l’un des « principaux instigateurs de l’instabilité qui prévaut sur l’ensemble de la région des Grands Lacs » depuis de longues années.

Sous le coup de deux mandats d’arrêt de la CPI, le chef rebelle est accusé de meurtres, viols, pillages et enrôlements d’enfants-soldats commis entre 2002 et 2003 notamment par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC) dont il était l’un des commandants.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a qualifié sur Twitter la reddition de Bosco Ntaganda de « grand moment pour les victimes du conflit en RDC » et appelé à un transfert « rapide » vers la CPI.

Le Rwanda ne veut pas se mêler du transfert de Ntaganda

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a déclaré mardi à l’AFP ne pas avoir « à se mêler de l’éventuel transfert de Ntaganda à la CPI », estimant que « cette affaire est entre des Etats-Unis qui détiennent le suspect, de la RDC – pays de nationalité du suspect – et de la CPI qui recherche le suspect ».

« Je ne crois pas que nous ayons la moindre idée précise de la suite des événements », a déclaré, de son côté, un responsable de l’ambassade des Etats-Unis à Kigali cité par l’Agence Reuters. « On cherche encore à savoir comment ça va se passer », a ajouté la même source.

La société civile du Nord-Kivu a estimé que le transfert du chef de guerre à la CPI serait un « tournant décisif vers la paix, la sécurité et honorera les victimes de crimes perpétrés par Ntaganda, des victimes toujours en attente d’une justice et d’un signal fort dans la lutte contre l’impunité ».

Depuis mai 2012, la province du Nord-Kivu est en proie à la rébellion du M23 dont Bosco Ntaganda est considéré comme l’initiateur.

Après la scission de ce mouvement à la fin du mois de février dernier, les troupes pro Ntaganda ont été délogées de la localité de Kibumba par l’autre faction de la rébellion dirigée par Sultani Makenga. La plupart de ses hommes se sont refugiés au Rwanda.

Bosco Ntaganda a trouvé refuge dans l’ambassade des Etats-Unis à Kigali et demandé son transfert à la CPI.

Les Etats-Unis et le Rwanda ne sont pas signataires du traité de Rome, créant la CPI. Mais Washington avait accentué la pression ces dernières semaines sur Bosco Ntanganda, promettant même une récompense de 5 millions de dollars américains à qui pouvait donner des informations pour faciliter son arrestation.

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