L’aide britannique au Rwanda est destinée à « sa population pauvre », selon Neil Wigan

Neil Wigan, ambassadeur de Grande Bretagne en RDC, ce 18/06/2010 à Kinshasa. Photo: British Embassy Kinshasa (Flickr)

«Le dégel partiel de l’aide britannique au Rwanda ne doit pas être considéré comme l’indifférence de la Grande-Bretagne face à la situation de guerre qui prévaut dans l’Est de la RDC», a déclaré jeudi 13 septembre l’ambassadeur de la Grande Bretagne en RDC, Neil Wigan, dans une interview accordée jeudi à Radio Okapi. La Grande-Bretagne a décidé de déloquer 9,5 des 20 millions d’euros de son aide destinée au Rwanda. Cette aide avait été suspendue le 27 juillet dernier après qu’un rapport préliminaire de l’ONU a documenté le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 qui occupent les territoires de Bunagana et Rutshuru dans le Nord-Kivu.

« Nous avons décidé de dégeler une partie, je précise que c’est juste une partie de notre appui budgétaire au Rwanda simplement à cause de l’impact sur la population pauvre de ce pays. Nous avons estimé qu’à travers notre aide nous pouvons aider 70 000 étudiants et enfants d’aller à l’école et aider la production de l’alimentation », a déclaré l’ambassadeur britannique.

Neil Wigan a insisté sur le fait que ce dégel ne change pas la position de la Grande Bretagne sur la situation de la guerre dans l’Est de la RDC.

« Encore une fois, je précise que ça ne veut pas dire que notre position politique a changé. Je vous rassure très clairement que nous continuons à nous opposer à tout appui ou soutien au M23 », a-t-il affirmé.

« Compte tenu de ces progrès et reconnaissant que le gouvernement du Rwanda a continué de démontrer son engagement ferme à lutter contre la pauvreté et l’amélioration de sa gestion financière, la Grande-Bretagne devra restaurer partiellement son aide budgétaire générale au Rwanda », avait indiqué dans un communiqué Andrew Mitchell, le ministre britannique sortant du développement international.

Le porte-parole du gouvernement congolais avait condamné ce déblocage partiel de l’aide qui “sonne malheureusement comme une prime à l’aventurisme militariste, à la culture de prédation et aux violations massives des droits de l’Homme dont les officiels rwandais au plus haut niveau se rendent coupables en RDC”.

L’est de la RDC est en proie à une mutinerie transformée depuis le mois de mai dernier en rébellion de la part des éléments du M23, un mouvement rebelle qui revendique l’application des accords signés le 23 mars entre le gouvernement et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) dirigé par le général renégat Bosco Ntaganda. Cet ex-officier rebelle devenu officier supérieur des FARDC avant de rentrer dans la rébellion est recherché par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis en Ituri (Province Orientale) en 2002 et 2003.

Les Nations unies, des ONG, le gouvernement congolais ont accusé et condamné le Rwanda de soutenir le M23. Des accusations que Kigali a toujours niées.

Quelques pays avaient annoncé le gel de leur aide auprès du Rwanda, notamment la Grande Bretagne, les Pays-Bas, la Suède et les Etats-Unis. Le vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, en visite à Kinshasa avait qualifié ces sanctions d’isolées, appelant les gouvernements à des sanctions concertées qui seraient décidées au niveau de l’ONU.

Les chefs d’Etats des Grands Lacs réunis deux fois à Kampala (Ouganda) ont décidé, pour trouver une solution à l’insécurité dans l’est de la RDC de mettre sur pied une force internationale neutre le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC. Celle-ci devra être déployée d’ici trois mois sous le mandat des Nations unies et de l’Union africaine. Mais des questions restent encore sans réponse sur le financement et le concept opérationnel de cette force.

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