Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH) vérifie les allégations de massacres de plusieurs centaines de personnes dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu depuis le mois de mai. La Haut commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, a indiqué que des « rapports préliminaires suggèrent qu’un nombre important de personnes – pour la plupart des femmes et des enfants - auraient été massacrés ».
« La brutalité même de ces tueries dépasse l’entendement. Dans certains cas, les attaques contre des civils pourraient constituer des crimes contre l’humanité », a-t-elle déclaré.
Le BCNUDH, qui a effectué quatre mission dans ce territoire et interrogé des victimes et des témoins, a documenté plus de quarante-cinq attaques contre une trentaine de villes et villages dans les groupements Ufamandu I et II.
Un communiqué conjoint Monusco-BCNUDH, publié ce mercredi 29 août, indique que certaines de ces attaques auraient été menées par des miliciens du groupe Raïa Mutomboki et des rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), parfois en coalition avec le groupe armé Nyatura.
Ces groupes armés auraient commis des violations graves des droits de l’homme, dont des massacres de civils, des destructions et des pillages d’habitations et de biens ainsi que des déplacements des milliers de civils.
A en croire ce communiqué, les attaques des villages par les Raïa Mutomboki et les FDLR ont eu lieu suite à l’augmentation des vides sécuritaires exacerbés par les désertions dans l’armée congolaise en avril, suivies de la création de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) et du redéploiement de certaines unités de l’armée congolaise (FARDC) pour contenir ce dernier.
« De nombreux groupes armés ont profité de cette situation pour agrandir leur zone d’influence, souvent en menant dans le même temps des attaques brutales contre les civils », lit-on dans le communiqué.
Affirmant protéger les populations locales contre les FDLR, majoritairement Hutu, explique le document, les Raïa Mutomboki visent des civils de l’ethnie Hutu qu’ils considèrent comme des étrangers et des alliés de la rébellion rwandaise.
De leur côté, les rebelles des FDLR exercent des représailles contre les populations civiles, qu’ils croient être associés avec les Raïa Mutomboki.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Roger Meece, s’est dit inquiét face à cette situation.
« La détérioration de la situation sécuritaire générale dans le Nord-Kivu est extrêmement alarmante », a-t-il affirmé.
Navi Pillay a appelé tous les groupes armés à cesser immédiatement les attaques contre les civils.
Lire aussi sur radiookapi.net:
- Massacre de Shabunda: les ressortissants de ce territoire déplorent l’inaction des autorités
- Nord-Kivu : une délégation de la Monusco à Katoyi pour vérifier les allégations de massacres
- Nord-Kivu: des rebelles FDLR et Maï-Maï assassinent plus de 100 civils à Ufamandu
- Sud-Kivu: les étudiants de Bamuguba dénoncent les massacres de Shabunda