Fidèle Bazana, militant des droits de l’homme assassiné en juin 2010 avec son collègue Floribert Chebeya, aurait été enterré dans la ferme de l’ancien chef de la police nationale congolaise, le général John Numbi, sur la route Matadi au quartier Mitendi à Kinshasa. C’est ce qu’a déclaré la partie civile, mardi 24 juillet, au cours d’une nouvelle audience dans le procès en appel de l’affaire Chebeya à la prison centrale de Makala.
Devant la Haute cour militaire, les avocats des victimes au procès Chebeya ont relayé le témoignage du major Paul Mwilambwe. Ce policier condamné par contumace au premier degré a récemment fait des révélations au journaliste belge Thierry Michel, auteur d’un documentaire sur l’affaire Chebeya, à partir d’un pays africain où il se réfugie.
Dans ce témoignage, le major Paul Mwilambwe met en cause personnellement le général John Numbi dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme et donne des indications sur l’endroit où Fidèle Bazana aurait été enterré.
Des informations qu’il aurait obtenues, selon lui, via une caméra de surveillance dans les locaux de l’inspection générale de la police où Floribert Chebeya et Fidèle Bazana auraient été tués en juin 2010 sur ordre du général Numbi.
Selon la partie civile qui cite le documentaire du journaliste belge, le major Mwilambwe serait prêt à venir comparaitre dans cette affaire, mais il exigerait des garanties pour sa sécurité.
La partie civile dit avoir donné au ministère public des pistes qui peuvent aboutir à l’inculpation du général Numbi.
Pour elle, les révélations de Paul Mwilambwe sont des présomptions graves, précises et concordantes sur l’implication de l’ancien chef de la police dans ce double crime.
Se basant sur ce témoignage, les avocats des victimes ont plaidé pour que la Cour ordonne que soient prises des mesures conservatoires notamment pour sécuriser la ferme du général Numbi avant une éventuelle vérification des allégations du major Mwilambwe.
Mais les avocats de la république qui est civilement responsable du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont estimé que le témoignage de Paul Mwilambwe est une simple rumeur dépourvue de preuves et de fondement légal.
Et en droit, ont-ils poursuivi, la partie civile ne doit pas induire la Cour en erreur en lui demandant d’instruire un dossier à charge ou d’arrêter John Numbi sur base des publications des médias ou « des déclarations auxquelles il ne faut pas accorder un quelconque crédit ».
Ils ont demandé aux juges de rejeter la demande de la partie civile et de ne pas acquitter tous les prévenus comme elle le demande.
Mardi prochain, le ministère public fera sa réplique avant la délibération des juges.
Huit officiers de police ont été condamnés à des lourdes peines de prison lors du procès au premier degré. Toutes les parties impliquées dans ce procès ont fait appel contre le verdict des juges.
La partie civile, elle, a toujours considéré John Numbi comme le suspect n°1 dans cette affaire et demandé son inculpation.
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