Le département d’Etat américain a annoncé, samedi 21 juillet, la suspension de l’aide militaire au Rwanda. Selon un communiqué du gouvernement américain, cette mesure a été prise en raison du soutien du Rwanda à la rébellion dans l’est de la République démocratique du Congo. « A la lumière d’informations selon lesquelles le Rwanda soutient des groupes armés en RDC, le département d’Etat a décidé qu’il ne pouvait plus fournir au Rwanda de financement militaire étranger pour l’exercice budgétaire en cours », indique lecommuniqué. Le montant de cette aide annuelle est estimé à 200 000 dollars américains.
Un porte-parole de la diplomatie américaine, Darby Holladay, a déclaré à l’AFP que ces fonds étaient destinés à une école militaire rwandaise, précisant que son gouvernement « continuera » de contribuer à la formation de troupes rwandaises participant à des forces de maintien de la paix.
Dans ce communiqué, les Etats-Unis demandent au gouvernement rwandais « cesser de soutenir » la rébellion en RDC qui « menace de déstabiliser la région » des Grands lacs.
Depuis le mois de mai dernier, l’Est de la RDC est secoué par une nouvelle rébellion, le Mouvement du 23 mars (M23), constituée par des officiers mutins des Forces armées de la RDC (FARDC). Ces officiers ont combattu dans l’ancienne rébellion du CNDP.
Plusieurs organisations dont Human Rights Watch ainsi que le gouvernement congolais accusent le Rwanda de soutenir ce mouvement armé.
Une annexe du rapport annuel du Comité des sanctions de l’ONU sur la RDC, rendu public au début du mois de juillet, indique que les forces armées rwandaises « fournissent du matériel militaire, des armes, des munitions et des fournitures diverses aux rebelles du M23 » et octroient soutien et protection au général rebelle Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre.
Les accusations du groupe d’experts des Nations unies reposent sur les témoignages anonymes de quatre-vingts mutins déserteurs dont trente et un Rwandais du M23.
Parmi les officiels rwandais cités dans ce rapport figurent le ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe, son chef d’état-major, le général Charles Kayonga, et des généraux Jack Nziza, Emmanuel Ruvusha et Alexis Kagame.
Mais le gouvernement rwandais nie toute implication dans la situation sécuritaire qui prévaut actuellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Au cours d’une conférence de presse tenue mardi 19 juin à Kigali, le président du Rwanda, Paul Kagame, avait affirmé que «le Rwanda n’est pas la cause des problèmes du Congo (…) », indiquant que les problèmes congolais doivent être gérés par les Congolais et réfutant tout soutien aux rebelles du M23.
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