Human Rights Watch (HRW) accuse le Rwanda d’apporter son soutien au général Bosco Ntaganda qui conduit une mutinerie contre l’armée de la RDC dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Dans un communiqué rendu public ce lundi 4 juin, cette ONG des droits de l’homme affirme que des responsables militaires rwandais ont fourni des armes, des munitions ainsi que 200 à 300 recrues pour soutenir cette mutinerie.
Ida Sawyer, chercheuse et chargée de plaidoyer de HRW en RDC, explique:
«Les témoins, qui ont réussi à échapper aux recrutements, nous ont dit qu’ils étaient recrutés souvent par force dans les marchés, en cours de route ou dans les autres endroits [notamment dans les districts de Musanze et Rubavu au Rwanda]. Ils étaient emmenés par les militaires rwandais dans un camp militaire à Kinigi au Rwanda.»
Quand ces recrues – parmi lesquelles figurent des enfants de moins de dix huit ans – sont arrivées dans ce camp militaire, les militaires rwandais leur ont donné des armes et des munitions. «Les témoins ont parlé des kalachnikovs, des grenades et aussi des artilleries anti – aériennes qu’ils ont amené avec eux jusqu’à Runyoni pour soutenir les forces du M23 et de Ntaganda», rapporte la chercheuse.
Ida Sawyer ajoute que les recrues ont été, par la suite, escortées par ces mêmes militaires jusqu’à la frontière de la RDC:
«Quand ils sont arrivés à la frontière, les forces de Ntaganda et du M23 les ont trouvés et les ont emmenés jusqu’à Runyoni, la base principale de M23 et de Ntaganda aujourd’hui. Et quand ils sont arrivés à Runyoni, les civils ont reçu une petite formation: comment utiliser une arme, comment tirer, et après ils étaient envoyés au front pour combattre l’armée congolaise.»
«Le rôle joué par certains responsables militaires rwandais dans le soutien et la protection d’une personne [Bosco Ntaganda] soupçonnée de crimes de guerre par la CPI ne doit tout simplement pas être éludé », a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior au sein de la division Afrique à Human Rights Watch.
Dans ce communiqué, Human Rights Watch invite par ailleurs tous les alliés du Rwanda, notamment les États-Unis et la Grande-Bretagne, de faire une pression sur le gouvernement rwandais pour qu’il fasse une enquête par rapport à ces allégations et qu’il arrête tout soutien aux forces de Ntaganda et du M23.
Le gouvernement de Kigali a, pour sa part, nié toute implication dans tout ce qui se passe dans l’Est du Congo.
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