L’ONG de défense des droits de l’homme Journaliste en danger (Jed) a dénombré 160 cas de violation de la liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC) en 2011 contre 87 en 2010.
Dans son rapport annuel intitulé : «La liberté de la presse pendant les élections », parvenu mercredi 28 décembre à Radio Okapi, cette structure demande aussi la dissolution du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’organe de régulation des médias congolais.
Les 160 cas d’atteinte à la liberté de la presse recensés par Jed en 2011 se présentent de la manière suivante:
- 1 journaliste tué à Kirumba dans le Nord-Kivu en juin 2011
- 42 arrestations des journalistes
- 57 cas de menaces et d’agressions contre les journalistes
- 43 cas de censure et d’entraves à la circulation de l’information
- 17 cas de pressions sur les médias
«Nous estimons aujourd’hui qu’il y a une très forte dégradation de la liberté de la presse compte tenu des répressions contre les médias en RDC», a déclaré à Radio Okapi, le secrétaire exécutif de Jed, Tshivis Tshivuadi.
Faisant une comparaison entre les années 2006 et 2011 [deux années électorales en RDC], le rapport de Jed souligne que le nombre de violations de la liberté de la presse est passé de 125 à 160, soit une augmentation de 35 cas d’atteinte à liberté des journalistes.
Dans la partie de son exposé consacrée à l’observation des médias durant la période de la campagne électorale, Jed constate que «les médias congolais, dans leur ensemble, se sont engagés dans une frénésie propagandiste qui a occulté les vrais débats démocratiques sur les candidats et leurs programmes.»
Selon cette ONG, la campagne électorale pour les élections présidentielle et législatives du 28 novembre2011 a été un véritable fiasco dans les médias.
Jed dénonce aussi « la dérive propagandiste des médias, y compris des médias publics, ponctuée parfois par des propos et discours d’incitation à la haine et à la violence, dans un climat de tension et d’intolérance politique ».
Dissoudre le CSAC
Pour Jed, plusieurs acteurs politiques et responsables des services de sécurité se sont ingérés dans la régulation des médias pendant la campagne électorale jusqu’à ce jour, en violation des prérogatives dévolues au CSAC.
Ces immixtions, souligne Jed, consacrent l’échec de cet organe dans ses missions reconnues de protéger le droit du peuple à l’information et de promouvoir le professionnalisme des médias.
Jed cite aussi les cas des médias fermés ou suspendus au-delà du délai, citant notamment Canal Futur TV, Radio Lisanga TV et deux autres médias au Kasaï-Oriental.
« Face à l’incapacité avérée du CSAC à assumer son indépendance et qui met en péril la liberté de presse et d’expression, Jed demande au Chef de l’Etat, dans ses prérogatives de garant du bon fonctionnement des institutions, de dissoudre cette structure de régulation des médias ».
Le secrétaire exécutif de Jed estime que la composition et le fonctionnement actuels du CSAC constituent une menace pour la liberté de la presse en République démocratique du Congo.
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