Kinshasa : 6 morts, dont deux femmes, dans des tensions post-électorales

Des partisans de l’opposition le 9/12/2011 sur une des avenues de Kinshasa, après l’annonce de la victoire de Kabila par la Ceni pour la présidentielle de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John BompengoDes partisans de l’opposition le 9/12/2011 sur une des avenues de Kinshasa, après l’annonce de la victoire de Kabila par la Ceni pour la présidentielle de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Des partisans de l’opposition le 9/12/2011 sur une des avenues de Kinshasa, après l’annonce de la victoire de Kabila par la Ceni pour la présidentielle de 2011 en RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Six personnes, dont deux femmes, ont été tuées par balle samedi 10 décembre dans la ville de Kinshasa, au lendemain de l’annonce de la victoire de Joseph Kabila à la présidentielle 2011. Des tensions sont signalées dans plusieurs communes de la ville, contrairement à d’autres coins où le calme règne.

Parmi les victimes, trois personnes ont été tuées par balle à Kimbanseke, non loin de l’ancienne maison communale de Ndjili. Un jeune homme du quartier 8 a été abattu au quartier 7 pendant qu’il pillait l’école Mwapi. A Ngiringiri, une fille de 19 ans a été atteinte d’une balle dans la tête alors qu’elle était sortie pour acheter du pain. Un autre jeune homme a été tué dans le quartier situé derrière la prison de Makala.

Entre la 10ème et la 12ème rue, dans la commune de Limete, les tirs d’armes légères se sont intensifiés ce samedi matin. Les habitants se terrent chez eux depuis l’annonce des résultats.

A Masina, sur la route Petro Congo, un sous commissariat de police a été pillé. Les pillards ont aussi incendiés des véhicules des particuliers gardés dans ce poste de police.

A Mont Ngafula, les policiers dispersaient les attroupements à coup des gaz lacrymogène et des tirs de sommation. A Bandalungwa, certains policiers ont envahi des quartiers, jetant des gaz lacrymogène jusque dans des parcelles privées.

Dans d’autres communes, pourtant, les rues sont calmes et désertes. A Barumbu comme à Gombe, le calme règne depuis vendredi soir. Sur le boulevard du 30 juin notamment, la circulation est très timide. A Binza Pompage, c’est l’ambiance d’un week-end normal. Les petits commerces ont ouvert, tel le marché de Mbudi.

Même chose à Kintambo où la vie continue, sans heurts majeurs. Quelques boutiques et débits de boisson restent cependant fermés.

Le général Bisengimana, commissaire général de la police nationale, contacté par radio okapi, dit ne pas être informé de ces abus. Il affirme toutefois qu’il est normal, qu’en poursuivant les pillards, la police fasse usage de grenades lacrymogènes.

« C’est donc tout à fait normal que des gaz lacrymogènes entrent dans des maisons. Je ne connais pas les cas d’abus qui sont signalés mais nous devons réprimer les cas d’abus. «

Le général Bisengimana dit ne reconnaître aucun cas de décès jusque là.

« Je n’ai pas eu ces informations. Généralement, les policiers qui interviennent ne sont pas porteurs d’armes mais de matériels non létaux, gaz lacrymogènes. »

La population accuse la police d’extorsion et d’enlèvement

Plusieurs cas d’extorsion de biens par la police ont été signalés à Kinshasa par la population samedi 10 décembre. Les témoins parlent également d’enlèvements. C’est le cas dans la commune de Kintambo où un habitant dénonce l’enlèvement de deux personnes.

Selon cet habitant, des militaires de la Demiap, le service congolais de renseignement militaire, se seraient démarqué dans des actes de vandalisme et des extorsions des biens des habitants.

« Ils ont arraché des téléphones des gens, ils ont arraché leur argent, et fouillé tout le monde qui était de passage », a rapporté cet habitant.

Il rapporte aussi l’enlèvement de son chauffeur personnel :

 « Il a été enlevé dans sa maison alors qu’il était entrain de s’entretenir avec son ami qui était venu le voir. Les deux ont été pris [et emmené] dans une direction inconnue depuis hier », explique-t-il.

Cet habitant affirme avoir contacté le colonel Kanyama, responsable de la police dans la circonscription de Lukunga, à ce sujet.

 « J’ai également appelé d’autres autorités de la police, qui m’ont promis qu’ils allaient tout faire pour que, dans les heures qui suivent, on puisse retrouver ces gens là. Mais je n’ai encore reçu aucun suite favorable ».

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