Les populations de la chefferie Mopoyi, en territoire d’Ango, à plus de 500 kilomètres au nord de Kisangani, organisent depuis quelques jours des patrouilles pour parer à d’éventuelles attaques des rebelles ougandais de la LRA. La chefferie Mopoyi fait limite avec le territoire voisin de Dungu d’où viennent les rebelles ougandais qui attaquent diverses localités environnantes.
Les populations du territoire d’Ango en général, et ceux de la chefferie Mopoy en particulier, vivent dans la psychose d’une éventuelle attaque des LRA. Depuis l’incursion de ces rebelles dans la cité de Faradje le 25 décembre dernier, les habitants de Mopoy se sont constitués en groupes d’autodéfense populaire en vue de parer à toute éventualité.
Selon le commissaire de district assistant du Bas Uele, les populations locales organisent des patrouilles jusqu’à 70 kilomètres pour surveiller tout mouvement suspect des rebelles ougandais. Ces derniers sont dispersés dans la région depuis les opérations militaires conjointes menées depuis le 14 décembre dernier contre eux par les armées ougandaises, sud soudanaises et congolaises.
La même source précise que les populations locales ne disposent que d’armes blanches dont l’inefficacité n’est pas à démontrer devant la puissance du feu des rebelles lourdement armés. C’est pourquoi les autorités locales sollicitent du gouvernement l’envoi de militaires FARDC pour sécuriser les populations.
Déjà en septembre 2008, un groupe de 16 éclaireurs de la rébellion ougandaise avait fait irruption dans cette chefferie, semant la panique au sein de la population.
Dungu : le gouvernement vole au secours des victimes de la LRA
Le gouvernement a constitué une assistance en vivres, non-vivres et médicaments en faveur des victimes des massacres des rebelles ougandais de l’armée de résistance du Seigneur, LRA. Selon le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, ces biens sont déjà disponibles à Kisangani. Le gouvernement attend l’aide de la communauté internationale pour les acheminer vers Faradje. Entre temps, 4 civils rescapés de la LRA sont grièvement blessés et internés à l’hôpital de Dungu.
Ce don du gouvernement fait suite au message de détresse lancé par l’Evêque d’Isiro-Niangara, Mgr Julien Andavo, en faveur des victimes de la localité de Faradje. Pour Lambert Mende, le gouvernement n’attend que le soutient de la communauté internationale et la Monuc pour faire parvenir cette assistance aux victimes : « Le gouvernement a déjà pensé à cette assistance. Nous pensons que nous serons complètement à même de résoudre les problèmes des massacres de la LRA, si la communauté internationale y ajoutait du sien. Mais en ce qui concerne le gouvernement, il y a déjà des vivres, non-vivres et des médicaments qui sont déjà disponibles à Kisangani. Il y a déjà une solution de transferts de ce matériel de Kisangani à Dungu qui est la première escale. »rn rnLambert Mende précise que le gouvernement a quelques problèmes à résoudre en ce qui concerne Faradje, et que, sur ce point, la Monuc lui a promis son aide : « La Monuc a déjà montré sa bonne volonté en ce qui concerne le transfert des troupes qui était la première réponse. Pour l’instant, les discussions sont en cours pour obtenir l’aide de la mission onusienne pour le transfert des moyens matériels, afin d’apporter de l’aide aux victimes, aux survivants, et à l’ensemble de toute cette région qui est frustrée. Cette aide ne sera pas suffisante pour répondre totalement aux besoins qui sont créés. C’est ainsi que le gouvernement a lancé un appel à tous ses partenaires pour répondre à cette détresse grave >/em> ».
Faradje : 4 civils blessés, rescapés de la LRA, hospitalisés à Dungu
Une semaine après l’attaque de la cité de Faradje par ces rebelles ougandais, 4 blessés graves ont été acheminés à l’hôpital général de référence de Dungu par l’ONG internationale Médecins sans frontière/Suisse. Leur état critique nécessite des soins appropriés, ce que ne peut leur garantir cette formation médicale.
Dans la salle de chirurgie, certains rescapés ne bougent pas de leurs lits. L’un ronflant, semble vouloir rendre son dernier soupir. Un autre, essoufflé, assis sur son lit, n’arrive pas à prononcer un mot. Un troisième est affecté de multiples plaies, son oreille gauche quasiment arrachée par une machette, un pagne cachant une plaie béante derrière sa tête. Il explique ce qui lui est arrivé le jour de noël : « Les LRA sont brusquement sortis sur la route, alors que nous rentrions de l’Eglise. Après nous avoir rassemblé, ils nous ont demandé de nous asseoir, puis, ils nous ont enlevé pour partir avec eux. Soudain, ils m’ont assommé avec un bâton et ont commencé à me donner des coups de machette. »
Au regard de leur état de santé, le médecin directeur de l’hôpital général de référence de Dungu, le Dr Bienvenue Mokwe, affirme qu’il n y a pas de produits pharmaceutiques de spécialité, pour une prise en charge plus efficace : « Nous n’avons pas d’appareils pour la radiologie. Il y a un [malade] dont le diagnostic n’est pas bon. Mais nous espérons que nous allons le récupérer par la grâce de Dieu. Nous avons de sérieux problèmes par rapport à la disponibilité des certains produits de spécialité. »
Pour sa part, le directeur de la Caritas diocésaine plaide pour une action plus efficace envers les blessés de guerre. Selon lui, ils sont plus nombreux que les 400 morts dont on parle actuellement.
Notons que 30% des malades qui fréquentent l’hôpital général de cette juridiction sont des personnes vivant avec le VIH/Sida. C’est ce qu’affirme le médecin directeur de cet hôpital. Le Dr Bienvenue Mokwe explique cette situation par le passage de différents groupes de militaires dans cette contrée. Il sollicite par ailleurs l’appui de son hôpital, non seulement en médicaments, mais aussi en matériel et en argent, pour mieux faire face à la situation.
L’Unicef s’inquiète de la hausse d’enrôlement d’enfants dans les groupes armés
Dans un communiqué publié mercredi à New – York, l’Unicef se dit préoccupée par le nouvel enrôlement des enfants soldats démobilisés. Ils sont la cible des groupes armés notamment des rebelles de la LRA dans la Province Orientale. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance s’inquiète de cette augmentation des violations des droits de l’enfant dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). L’Unicef et ses partenaires assistent actuellement 31 enfants qui ont fui les rangs du mouvement rebelle ougandais de la LRA, indique le communiqué.