Lubumbashi : attestation de séjour obligatoire, la polémique s'accentue

Vue sur Lubumbashi

Vue sur Lubumbashi

Kyungu Wa Kumwanza appuie les arrêtés du maire de Lubumbashi sur la réglementation du mouvement de la population congolaise et étrangère dans sa ville. Pour l’Asadho, le président de l’Assemblée provinciale n’a pas compétence à statuer sur le sujet. Quant au MLC, il attire l’attention sur une dérive pouvant entraîner de graves disfonctionnement de l’Etat.

Pour le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, ces arrêtés ne violent ni la constitution ni la loi organique. Kyungu Wa Kumwanza rappelle que l’initiative prise par le maire Floribert Kaseba vise plutôt à restaurer l’ordre dans la ville : « Ce que nous savons, c’est que même la loi organique, qui est encore sur la table du président de la République, reconnaît aux villes la libre administration. L’article 3 de la constitution est explicite là-dessus. Les villes jouissent de la libre administration et de l’autonomie de gestion. Donc, à partir de ce moment là, nous tirons toutes les conséquences. Et, ça n’a rien avoir avec une quelconque idée discriminatoire. La démarche du maire de la ville de Lubumbashi vise plutôt l’ordre. Des gens qui viennent, on ne sait d’où ils viennent, où ils habitent, qu’est ce qu’ils ont. Il faut en finir. Alors, c’est pour ça que j’ai dit que nous appuyons cela. »

Pour l’Association africaine de défense des droits de l’Homme, Asadho/Katanga, les deux arrêtées du maire de Lubumbashi violent manifestement la constitution de la RDC et sont illégaux. Timothé Mbuya, vice-président de L’Asadho/Katanga, promet que son ONG va recourir à tous les moyens juridiques pour casser ces arrêtés : « La seule institution habilitée à se prononcer sur la légalité ou la constitutionnalité d’un acte pris par un décideur politique ou par un organe politique, en notre sens, ce n’est pas l’Assemblée provinciale. Nous voulons ici, nous Asadho/Katanga, faire la part des choses entre une déclaration politique et une déclaration juridique. L’Asadho/Katanga a fait savoir sa position déjà à travers une lettre ouverte qui a été écrite au maire de la ville de Lubumbashi. Dans cette lettre, l’Asadho demandait au maire de rapporter de toute urgence ses arrêtés parce que illégaux et anticonstitutionnels. Après avoir constaté que les arrêtés du maire n’ont pas été rapportés, ni même annulés, l’Asadho/Katanga est entrain d’envisager des actions d’envergure pour pouvoir y arriver. »

Même son de cloche du coté du Mouvement de libération du Congo. Selon le Secrétaire général du MLC, les arrêtés du maire de Lubumbashi sont une dérive qu’il faut stopper toute suite. Par ailleurs, François Mwamba s’étonne du silence du gouvernement central par rapport à cette situation : « Nous sommes en RDC. Et dans une province de la RDC, Un Congolais n’a plus le droit d’aller et de venir comme il l’entend. Quelle est la position du gouvernement central à cet effet ? Nous sommes abasourdis de voir que, d’une manière rampante, on est en train de nous ramener en arrière. Sommes-nous passés par ces élections de 2006, pour nous voir être imposé des situations qui n’avaient de sens que par rapport aux colonisateurs ? Et du silence de l’exécutif national ! Nous, MLC, nous disons attention. Cette dérive peut cacher des situations qui, si elles ne sont pas stoppées à temps, peuvent créer de graves disfonctionnement de l’Etat. Imaginons que chaque gouverneur, chaque assemblée provinciale, se mette à faire de la sorte. Y aurait-il encore la République démocratique du Congo ? »