Dialogue M23-Kinshasa : un échec des négociations peut aggraver les tensions militaires sur le terrain (analyse)


« La conséquence de l’échec du dialogue prévu à Luanda entre le M23/AFC et le gouvernement congolais peut être l’aggravation des tensions militaires sur le terrain », estime, ce mardi 18 mars, Trésor Kibangula, analyste politique et directeur du pilier politique à l’Institut de recherche Ebuteli.

Dans une interview à Radio Okapi, Trésor Kibangula a jugé qu’il est nécessaire que les deux parties en conflit définissent clairement leurs objectifs afin de se retrouver autour de la table de négociations pour une désescalade de la crise :

« C’est très difficile aujourd’hui parce qu’on n’a pas de clarté, donc peut-être la solution viendra d’une clarification des objectifs de chaque acteur et aussi d’une réelle volonté politique. Pour Kinshasa, il est aujourd’hui impératif d’avoir un plan cohérent de sortie de crise, parce qu’il ne suffit pas d’aller à Luanda. Est-ce qu’aujourd’hui on a travaillé sur notre vision de paix, qu’est-ce qu’on va mettre sur la table, jusqu’où peut-on aller en termes de concessions à faire au M23 ou à Kigali ? »

Par ailleurs, pour cet analyste, il est surtout important que « Kinshasa cesse d’être uniquement dans une posture de réactions ».

C’est pourquoi, dit-il, il a apprécié le changement de posture de Kinshasa qui a finalement accepté de négocier directement avec la rébellion du M23 sans l’interface de Kigali.

« Ce qu’on a appelé revirement, mais c’est une tactique qui, peut-être aussi, a un peu dérouté le M23 ou Kigali de voir finalement un gouvernement qui refusait de dialoguer directement venir à Luanda », explique le directeur du pilier politique à l’Institut de recherche Ebuteli.

Par ailleurs, fait savoir le chercheur, les sanctions qui tombent sur des responsables de la rébellion du M23 et leurs alliés rwandais pourraient aussi peser sur la position du mouvement rebelle qui se pose en position de force.

« Le M23 ne va pas non plus rester indéfiniment dans le refus de dialoguer, il a refusé, il a mis des prétextes sur la table parce qu’il a un rapport de force militaire. La situation sur le terrain pourrait évoluer en fonction peut-être des sanctions qui sont en train de tomber sur le Rwanda, peut-être que ça pourrait rééquilibrer le rapport de force même sur le terrain militaire et pousser aussi le M23 à venir autour de la table de négociations », analyse Trésor Kibangula.

 

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