Vital Kamerhe, co-modérateur du dialogue indique que l’opposition a décidé de participer à ce forum pour obtenir l’alternance dans un délai court et dans la tranquillité.
«Nous avons choisi de dialoguer pour obtenir l’alternance dans un délai très court, sans tirer un coup de feu, sans effusion de sang et sans qu’on ne brule des maisons des gens. Moi j’estime que perdre une année et s’assurer qu’on aura l’alternance vaut mieux que de se lancer dans la voie de la violence aux issues inconnues. La violence n’a jamais été un projet de société», se justifie Vital Kamerhe.
Il fait remarquer que le régime spécial voulu par les opposants issus du Rassemblement ne respecte pas la constitution.
«Quand on parle du régime spécial, il faut une autre constitution. Le Rassemblement a appliqué ce que j’appelle les 3R : il y a eu refus de dialoguer, il y a eu rejet de la constitution avec ce régime spécial et il y a eu récusation du facilitateur. Est-ce que ces 3R, c’est ce qu’il faut servir au peuple congolais ? Je dis non », refute le co-modérateur du dialogue pour le compte de l’opposition.
Le président de l’UNC s’oppose aussi à un deuxième dialogue qu’une frange de l’opposition réclame.
«Je crois qu’à ce stade il faut oublier. Un deuxième dialogue pour faire quoi ? Nous sommes déjà au mois d’octobre et nous voulons terminer l’année. Les amis veulent nous amener dans un enlisement ou quoi ? Pour que les élections aient lieu en 2025 ou quoi ? Nous sommes pressés, nous avons un accord qui nous donne les élections dans un délai très court. L’inclusivité totale n’existe pas», estime-t-il.
Des avancées obtenues
Vital Kamerhe revient sur les avancées obtenues par sa plateforme. Radio Okapi vous propose l'interview intégrale du co-modérateur de l'opposition.
Vital Kamerhe, depuis deux semaines, la Majorité présidentielle et l’opposition qui participe au dialogue sont en négociation pour parvenir à un accord qui va être signé à la fin du dialogue. Avez-vous trouvé un compromis entre les deux parties
Au stade où nous étions arrivés au moment où on avait suspendu les travaux, il y avait le consensus sur le fichier électoral qui devrait être refait totalement, il y avait le compromis sur les séquences des élections c’est-à-dire la présidentielle couplée avec les législatives nationales et les provinciales.
Il restait de grandes questions qui devraient faire l’objet des discussions, notamment ce qui concerne le calendrier, la gestion des institutions pendant la transition. Ces questions, je voudrais dire aujourd’hui avec bonheur au peuple congolais, que nous avons trouvé un compromis. Et ce compromis sera soumis à la plénière du dialogue ce lundi à 15h00.
Ce compromis porte exactement sur le calendrier dans ses dates phares parce que les détails du calendrier et sa publication relèvent de la CENI. Mais nous allons communiquer le compromis en ce qui concerne la fin de l’enrôlement, nous allons communiquer la date de la convocation de scrutin, les trois combinés c’est-à-dire la présidentielle, les législatives nationales et les provinciales, nous allons communiquer la date de la tenue de ces trois élections et conformément à la constitution, 10 jours après, cette date sera suivie de la l’alternance au pouvoir.
Nous avons aussi trouvé un compromis sur la gestion des institutions, particulièrement le gouvernement, pendant cette période intérimaire. Et bien sûr, il y a toute une panoplie des mesures d’accompagnement.
En ce qui concerne les prisonniers politiques et d’opinion qui sont encore en prison, ce sont des mesures de décrispation auxquelles nous tenons et qui seront prises après le dialogue par le gouvernement qui sera mis en place. L’accord a essayé de prendre toutes les questions, mais tout en ayant à l’esprit que la question phare était celle de l’organisation des élections.
La Majorité Présidentielle affirme avoir fait une concession majeure en cédant la primature à l’opposition politique. Du côté de l’opposition, qu’avez-vous concédé ?
Le lundi, tout vous sera présenté dans tous les détails au cours de la plénière. Notre objectif principal, c’était d’éviter le chaos à notre peuple, à notre pays. Puisque nous avons deux voies. C’est comme un enfant qui se trouve devant deux chemins : il y a le bon et le mauvais chemin.
Nous avons la résolution 2277 qui protège la constitution de la RDC, qui prône le dialogue inclusif. Nous avons choisi de dialoguer pour obtenir l’alternance dans notre pays, dans un délai très court, sans tirer un coup de feu, sans effusion de sang et sans qu’on ne brule des maisons des gens. Moi j’estime que perdre une année et s’assurer qu’on aura l’alternance vaut mieux que de se lancer dans la voie de la violence aux issues inconnues. La violence n’a jamais été un projet de société.
Vous avez opté pour une période intérimaire. Vos collaborateurs du Rassemblement parlement de régime spécial. Quelle est la déduction que vous faites entre les deux concepts.
Quand on parle du régime spécial, il faut une autre constitution. Le Rassemblement a appliqué ce que j’appelle les 3R : il y a eu refus de dialoguer, il y a eu rejet total de la constitution avec ce régime spécial et il y a eu récusation du facilitateur. Est-ce que ces 3R, c’est ce qu’il faut servir au peuple congolais ? Je dis non. Edem Kodjo, son rôle et sa tâche ne se limitaient qu’à nous mettre ensemble. Ce n’est pas en restant à la maison que l’on va servir le peuple congolais. Je regrette.
Il y a une rencontre qui est prévue à Luanda, très prochainement. Avez-vous des inquiétudes sur cette rencontre qui peut créer une nouvelle donne sur le dialogue ?
Non, absolument pas, parce que nous avons déjà reçu la délégation des ministres des affaires étrangères de la SADEC. Mais c’était très clair. Ils sont venus pour nous encourager et nous dire : vous là nous vous félicitons. Donc la réunion de Luanda, le 27 octobre va s’inscrire dans la droite ligne de renforcement de ce processus de démocratisation et de paix dans notre pays.
Ça sera une réunion de prévention pour dire finalement monsieur le facilitateur ou monsieur le président de la RDC, donnez-nous l’évolution du dialogue. Et je crois que le président de la République sera à l’aise puisque qu’à ce moment-là il aura un accord. Il va dire le dialogue a pris fin, nous sommes à une autre étape. L’accord est là sur la table. Nous vous demandons aussi en tant que pays membres de la SADEC de nous accompagner dans l’application de cet accord. Ça c’est un message que je lance aussi à la SADEC de soutenir l’accord. Puisque les problèmes des congolais doivent se résoudre entre congolais.
L’idée de la convocation d’un deuxième dialogue, vous pouvez l’appuyer ?
Rien n’est impossible. Mais je crois qu’à ce stade il faut oublier. Un deuxième dialogue pour faire quoi ? Nous sommes déjà au mois d’octobre et nous voulons terminer l’année. Les amis veulent nous amener dans un enlisement ou quoi ? Pour que les élections aient lieu en 2025 ou quoi ? Nous sommes pressés, nous avons un accord qui nous donne les élections dans un délai très court. L’inclusive totale n’existe pas.
Suivez en son, l'interview de Vital Kamerhe. Il s'entretient avec Ascain Zigbia-Tayoro.
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