Dans un communiqué publié lundi 25 juillet dernier, la Banque mondiale (BM) affirme avoir suspendu son assistance technique et financière au projet Inga III. Selon ce communiqué, l’institution financière conteste « l'orientation stratégique » optée par le gouvernement dans la gestion de ce projet.
« Cette orientation est différente de celle qui avait été convenue en 2014 », indique le communiqué de la BM, qui précise que cette suspension du décaissement de financement concerne le projet Inga III et d’autres infrastructures hydroélectriques de taille moyenne de la RDC.
En clair, la banque mondiale reproche notamment au gouvernement congolais d’avoir nommé à la tête de ce projet une autorité qui dépend directement de la Présidence de la république.
Une démarche qui est contraire aux directives de la banque mondiale quant au choix des personnes appelées à gérer les structures dans lesquelles l’institution de Bretton Woods est partie prenante.
« Dans la directive de la BM, les personnes appelées à gérer les structures dans lesquelles elle est partie prenante doivent passer automatiquement par un concours afin que l’on sélectionne un candidat sérieux, responsable et compétent. Donc les directives de la BM ne permettent pas qu’on procède par nomination. Ce que le gouvernement congolais n’a pas compris car il n’a pas consulté ses partenaires au développement de ce projet lorsqu'il a nommé en 2015 un chef de mission pour ce projet », a expliqué à Radio Okapi Tite Liongi, ancien expert en communication et suivi de cellule du projet Inga III.
Sans plus de précisions, la banque mondiale juge « très insuffisant » les progrès enregistrés vers la réalisation du projet Inga III.
Le financement de la banque mondiale au projet Inga III s’élevait à environ 73,1 millions de dollars américains pour un projet dont la réalisation bénéficie de l’appui financier de plusieurs partenaires et le coût global évalué à 12 milliards de dollars américains.
Selon Jeune Afrique, seulement une part minoritaire (6%, soit 4 560 000 USD) de cette aide a été déboursée depuis 2014.
En gestation depuis plus de dix ans, le projet Inga III a été ressuscité en 2013 par la promesse faite par l'Afrique du Sud d'acheter plus de la moitié de la production d'électricité du futur barrage (2 500 MW) assurant ainsi une viabilité financière au projet. Ce projet, s’il est achevé, permettra à la RDC - pays où seul 15% de la population a accès à l'électricité - de produire 4 800 MW supplémentaires.
Tite Liongi recommande au gouvernement congolais de « revenir au bon sens » en œuvrant pour la mise en place de la « loi Inga », législation qui selon la banque mondiale devrait réguler la gestion de ce projet et préserver les intérêts stratégiques et financiers de la RDC et des partenaires impliqués dans ce projet.