Faut-t-il sanctionner le pouvoir congolais pour le pousser à organiser les élections prévues avant fin 2016? La question suscite une vive controverse à Kinshasa où certains observateurs redoutent le chaos dans les mois à venir. Partisans et détracteurs du pouvoir font entendre leurs voix.
Les premiers ont applaudi les sanctions financières annoncées le 23 juin 2016 par les Etats-Unis contre le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, tenu par Washington pour responsable des violences et des disparitions dans la capitale de la RDC. Ses éventuels avoirs sont gelés aux Etats-Unis et il est interdit à toute entité américaine de faire transaction avec lui.
«On le surnomme esprit de mort»
«Tout le monde ici à Kinshasa a une histoire à raconter au sujet du général Kanyama», affirme un ancien étudiant de l’université de Kinshasa. Il raconte à RFI comment il a vu en personne cet officier «tirer sur des étudiants» lors de la répression des manifestations en 2011-2012. «Des étudiants sont décédés. Des familles n’ont jamais eu de nouvelles de leurs enfants qui ont été raflés par la police», ajoute-t-il.
Son compatriote Kabongo estime que les sanctions américaines qui frappent le chef de la police sont parfaitement justifiées : «C’est un signal fort pour le pouvoir qui crée un climat de peur. Ce Monsieur a un excès de zèle. Il se permet tout à Kinshasa. On le surnomme esprit de mort. C’est l’appellation qui résume le personnage en question.»
«Le soldat du peuple»
L'officier visé par les sanctions américaines a aussi ses partisans à Kinshasa. «Notre ville est calme grâce au général Kanyama, le soldat du peuple», clame Ardent, scandalisé par les propos tenus par ses compatriotes contre le chef de la police congolaise.
«Heureusement qu’il y a cet homme. Sinon on nous tuerait comme des mouches. Qu’on le laisse tranquille. C’est l’homme qu’il nous faut dans cette période», assure Raphaël qui dénonce vivement l’ingérence américaine dans les affaires intérieures de la RDC.