La France promet de plaider pour des compensations en faveur des pays qui protègent leurs forêts, a annoncé la ministre française de l’Environnement, Ségolène Royal, lundi 14 mars à Kinshasa. Elle a promis de "travailler" pour «aboutir à des compensations en faveur des pays qui protègent leurs forêts comme la République démocratique du Congo, qui observe un moratoire depuis 2002.»
«Les pays qui font l'effort de protection des forêts doivent obtenir des compensations parce qu'ils donnent de l’oxygène et font respirer le monde», a déclaré Ségolène Royal lors de l’échange avec les médias au ministère congolais de l’Environnement.
Elle a dit avoir prévu l'étape de Kinshasa dans sa tournée africaine pour "être à l'écoute" des attentes des autorités congolaises, en sa qualité de présidente en exercice du sommet sur le climat de Paris (COP21).
Selon le ministre congolais du Tourisme, Elvis Muntiri wa Bashara qui accompagnait Ségolène Royal, «il n'est pas normal que nous fassions cet effort de protection des forêts sans compensation». Il a rappelé que la RDC avait lancé en 2002 un processus de conversion des titres forestiers en contrats de concession, destiné à faciliter une meilleure gestion des ressources. Ce processus s'est étendu sur une période de six ans, accompagnée d'un moratoire sur l'octroi de nouvelles exploitations.
Elvis Muntiri wa Bashara qui fait l’intérim de son collègue de l’Environnement a indiqué que le gouvernement congolais ne pouvait pas lever le moratoire", tant que des négociations sur des compensations restent en cours. Pourtant au début du mois de mars, le ministre de l'Environnement, avait "confirmé" à l'AFP l'intention de la RDC de lever le moratoire "dans l'intérêt [financier] de la République", estimant que la mesure faisait perdre d'importantes recettes au pays.
Ségolène Royal a estimé pour sa part que l'efficacité de la lutte contre les changements climatiques dépendait "des règles de justice" imposées à ceux qui polluent le plus, en faveur de ceux qui consentent "plus d'efforts de protection" autrement dit, les pays pollueurs devraient payer le prix pour leur pollution tandis que les pays qui abritent les forêts, eux, n’émettent presque pas des gaz à effets de serre. Et donc leur contribution à l’atténuation et l’adaptation sera différente.
D’après la présidente de la COP21, la France veillera a ce que les financements soient bien équilibres et que les compensations soient effectives.
La RDC abrite plus de 60% des forêts denses du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l'Amazonie, avec une biodiversité très riche, encore loin d'avoir été totalement répertoriée. Selon le ministère congolais de l'Environnement, les forêts de la RDC représentent 145 millions d'hectares, dont 60 millions peuvent être exploités.