Le patron de la Monusco, Martin Kobler a salué, dans un communiqué parvenu vendredi 7 mars à Radio Okapi, le verdict de la Cour pénale internationale (CPI) qui a reconnu l’ex-chef milicien, Germain Katanga, coupable d’un crime contre l’humanité (meurtre) et de quatre crimes de guerre (meurtre, attaque contre une population civile, destruction de biens et pillage).
Selon la Chambre de première instance II de la CPI, Germain Katanga avait commis ces crimes le 24 février 2003, lors de l’attaque lancée contre le village de Bogoro, district de l’Ituri, en RDC.
«Ceci doit servir d’avertissement supplémentaire aux groupes armés afin qu’ils cessent immédiatement toute attaque contre les civils et déposent leurs armes», a souligné Martin Kobler.
Dans le même communiqué, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC a exprimé la volonté de la mission onusienne de soutenir les efforts que déploient la CPI et la justice congolaise pour combattre l’impunité en arrêtant et traduisant en justice de tels criminels.
«Combattre l’impunité est essentielle à la stabilisation de la RDC et à l’instauration d’une paix durable», a poursuivi Matin Kobler.
Par ailleurs la juge de la CPI, Christine Van den Wyngaert a joint au jugement une opinion dissidente. «Des décisions sur la fixation de la peine puis sur les réparations pour les victimes seront rendues prochainement», indique la CPI dans un communiqué.
La Chambre a conclu que Germain Katanga avait agi tout en ayant connaissance du projet criminel contre les membres de l’ethnie Hema vivant à Bogoro mais il n’a pas été démontré qu’il avait la capacité de donner des ordres, d’en assurer l’exécution ou de sanctionner les commandants de différents camps.
«Importante décision»
Le Secrétaire général des Nations unis, Ban Ki-moon, a aussi salué ce verdict, qui constitue «une importante décision à la fois pour les victimes de ces crimes horribles, pour la justice internationale, ainsi que pour la lutte contre l’impunité en République démocratique du Congo.»
Il a réaffirmé le ferme engagement des Nations unies à appuyer le travail indépendant de la Cour, pièce centrale du système de justice pénale internationale.
Le Secrétaire général de l’Onu a par ailleurs salué la poursuite de la coopération entre le gouvernement de la RDC et la CPI. Il a ainsi exhorté les autorités congolaises à continuer de renforcer leurs efforts pour traduire en justice tous les auteurs des crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale.
Des réactions en Ituri
L’Ong de défense des droits de l’homme «Justice Plus » a, comme la Monusco, salué le verdict de la CPI. Cette organisation citoyenne a seulement regretté que Germain Katanga soit acquitté de crimes de viol, de ceux de la réduction à l’esclavage sexuel ainsi que de l’utilisation des enfants soldats.
La société civile de l’Ituri, elle, a estimé que le jugement rendu contre Germain Katanga n’est pas crédible. Son coordonnateur, Jean-Bosco Lalo a dit ne pas comprendre pourquoi la CPI avait acquitté Mathieu Ngujolo et elle a condamné Germain Katanga, pourtant, selon lui, les deux chefs miliciens auraient été poursuivis pour les mêmes chefs de crimes. Cette organisation citoyenne qualifie le jugement de la CPI de fantaisiste.
Pour sa part, la notabilité de la communauté Ngiti, dont Germain Katanga est ressortissant, se réserve encore de réagir pour le moment, estimant qu’il est encore tôt.
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