La majorité présidentielle (MP) et l’opposition congolaise sont divisées sur la disponibilité du président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, de faire la médiation dans les concertations nationales en République démocratique du Congo. La Majorité présidentielle estime que la RDC n’a pas besoin d’une médiation étrangère pour résoudre le problème de cohésion nationale congolaise face à la guerre de l’Est. Mais pour l’opposition, cette annonce va dans le sens de ce qu’elle avait réclamé lors de son conclave.
A l’issue de la visite de Joseph Kabila à Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, s’était dit « disponible » et « intéressé » pour assurer la médiation à Kinshasa, si les autorités de la RDC le lui demandaient.
« Que le président de la République du Congo d’en face fasse preuve de sa disponibilité dans ces concertations, c’est une chose. Mais est-ce que ça lui a été demandé ? Parce que nous n’avons pas à l’heure où je vous parle les tenants et les aboutissants de ces entretiens que les deux présidents ont eu ensembles », a affirmé le porte-parole de la MP, Luzanga Shamandevu, avant de poursuivre :
« On n’a pas besoin du tout d’une médiation extérieure pour que nous parlions des problèmes des Congolais ».
Du côté de l’opposition, le président de l’UNC, Vital Kamerhe a indiqué que la proposition du président Sassou va dans le sens de ce que les opposants avaient réclamé à l’issue de leur conclave.
« Nous avions besoin d’une facilitation neutre africaine à côté de la médiation onusienne. Nous avons été étonnés quand nous avions suivi il y a deux jours la déclaration du président de l’Assemblée nationale qui est le secrétaire exécutif de la Majorité présidentielle quand il avait dit que demander au président Sassou Nguesso de venir aider avec ses bons offices c’était une sorte d’ingérence », a déclaré Vital Kamerhe.
Selon lui, l’opposition est « dans la bonne direction », parce que « le président Kabila est allé là-bas [à Brazzaville] pour demander la même chose et le président Sassou a dit qu’il est prêt à le faire ».
Luzanga Shamandevu affirme pour sa part que la Majorité ne peut que recevoir une revendication venant d’une « opposition républicaine, responsable, nationaliste » mais il estime que les revendications actuelles visent des positionnements politiques personnels.
« Nous n’allons pas tenir compte de ceux qui ont des calendriers cachés, de ceux qui veulent devenir des ministres, qui veulent devenir des PDG au lieu de le dire clairement, ils font des revendications. Non, ça certainement, nous ne le suivrons pas », a-t-il martelé.
La classe politique de Brazzaville aussi divisée
La proposition de Denis Sassou est également diversement appréciée dans la classe politique brazzavilloise. L’opposant Clément Miérassa, président du Parti social démocrate congolais (PSDC) se dit « surpris » de cette initiative.
« Ce qui est préoccupant, c’est que le président Sassou qui n’accepte pas de recevoir ses opposants offre ses bons offices à la RDC », a-t-il déclaré à l’AFP.
Un autre membre de l’opposition, Maixent Hanimbat du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH) estime quant à lui, qu’il serait important « de balayer d’abord chez soi-même avant d’aller voir plus loin ».
Mais Bonaventure Boudzika, membre d’une formation de l’opposition dite « républicaine » ne voit aucun inconvénient dans la démarche du président Sassou.
«M. Sassou Nguesooffre ses offices, son expérience et son savoir-faire. Le contraire aurait étonné », souligné-t-il.
Par ailleurs, le président guinéen Alpha Condé, qui a brièvement rencontré son homologue Joseph Kabila de la RDC vendredi en arrivant à Brazzaville, a lui aussi apporté son soutien à la médiation proposée par Sassou Nguesso.
« Aujourd’hui, il y a une situation difficile au Congo-Kinshasa. Le président Sassou est mieux placé pour faire la médiation. Si la solution aux problèmes de la RDC peut venir du Congo, ca serait très important pour l’Afrique », a affirmé Alpha condé.
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