Vingt-huit cas de la fièvre hémorragique d’ebola, dont quatorze décès, ont été enregistrés dans la Province Orientale, selon les derniers chiffres fournis, ce mercredi 5 septembre à Kinshasa, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 169 autres personnes qui auraient été en contact avec les victimes sont sous surveillance, selon la même source.
«Au trois septembre, l’épidémie semble avoir son épicentre dans la ville de Isiro avec un foyer secondaire dans la ville de Viadana qui est située à environ 70 kilomètres de Isiro», a déclaré le représentant de l’OMS en RDC, Dr Léodégal Bazira. Onze personnes sont mortes d’ebola à Isiro sur dix-huit cas enregistrés.
L’OMS a pris en charge les activités de coordination, d’investigation de cas, mais également les activités de prise en charge des personnes atteintes et des familles.
Dr Léodégal Bazira en appelle à l’implication de tous:
«Nous lançons un appel à tous les partenaires pour s’associer à la lutte contre cette épidémie qui, si elle n’est pas contrôlée rapidement, constitue un évènement de santé publique, une urgence de portée mondiale.»
Manque de connaissances du corps médical
Le virologue Muyembe Tamfum, coordonnateur du comité international de coordination scientifique et technique de lutte contre cette fièvre hémorragique dans le district de haut- Uélé a, pour sa part, estimé que le virus s’est propagé par manque de connaissances des diagnostiques dans le chef du corps médical des zones de santé concernées. Il a estimé que cette lacune est à la base du retard avec lequel la fièvre d’ebola a été déclarée dans cette partie de la RDC:
«L’épidémie a commencé entre les mois de mai et juin, et même avant. Le virus était déjà [à Isiro]. Mais, la maladie est passée inaperçue, certainement confondue avec l’épidémie du paludisme qui sévissait dans la région. C’est pour cela que la déclaration [de cette maladie] n’a été faite qu’en août. Donc, il y a un grand retard dans nos milieux retard pour reconnaitre ebola.»
Au cours d’un point de presse qu’il a tenu peu avant de quitter Isiro, ce mercredi matin, Dr Muyembe a appelé les personnels soignants et administratifs à la vigilance à chaque fois qu’il y a des cas suspects:
«Il faut absolument que nous revoyions notre façon d’enseigner et de travailler au sein de l’hôpital. Les événements inhabituels doivent attirer notre attention pour déclarer la maladie le plus tôt possible. Plus tôt vous déclarer, moins de cas vous aurez. Donc, les infirmiers, médecins et les administratifs doivent apprendre maintenant à détecter les cas d’ebola.»
La prévention
L’épidémie d’Ebola s’est déclarée en RDC au début du mois d’août dans la Province Orientale. Selon l’OMS, les modes de vie des populations rurales congolaises facilitent la propagation de la maladie.
Faute de traitement curatif, le ministre de la Santé a demandé à la population de respecter des mesures d’hygiène individuelles et collectives. Le comité de crise des épidémies du district d’Isiro en Province Orientale a arrêté plusieurs mesures au niveau de la communauté pour arrêter les contaminations. Il est notamment demandé aux populations de:
- ne pas se serrer les mains ;
- ne pas toucher tout animal trouvé mort en forêt ;
- ne pas manipuler sa viande ;
- ne pas toucher sans protection les vomissures, le sang, la selle d’un malade souffrant ou ayant succombé d’Ebola ;
- ne pas dormir avec le malade de la fièvre d’Ebola ;
- ne pas rester sans protection près d’un malade d’Ebola ;
- ne pas toucher ou manipuler les vêtements et autres objets souillés ;
- ne pas toucher et/ou laver les cadavres ;
- se faire injecter dans des conditions de protection édictées par les normes dans ce genre des circonstances.
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