Les chefs traditionnels accusent les militaires des FARDC d’être à la base de l’abattage des éléphants dans la réserve de faune à Okapi, situé à Epulu dans le territoire de Mambassa, en Ituri, dans la Province Orientale. De son côté, l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) leur renvoie la balle, pointant du doit les communautés locales, qui agiraient avec la complicité de ces chefs coutumiers.
Dans un mémorandum adressé en octobre dernier à l’autorité provinciale, les représentants des chefferies de Manbassa ont décrié «le braconnage à outrance dans leurs forêts et principalement dans la réserve de faune à Okapi.»
Pour eux, les militaires des FARDC seraient responsables de ces abus et auraient réquisitionné des habitants locaux pour leur servir d’éclaireurs. Certaines personnes ont même accusé les gardes du parc de complicité avec les braconniers.
Pour sa part, l’ICCN a démenti toute implication des éléments des forces armées de la République dans cette pratique. Le directeur technique de l’Institut, Guy Bayima, s’est dit, par ailleurs, satisfait de l’opération de lutte contre le braconnage qu’ils mènent conjointement avec les gardes du parc.
Il a affirmé, au contraire, que les braconniers font partie des communautés locales et obtiennent même le soutien des ces chefs traditionnels.
Toujours selon le directeur technique, les forces de l’ordre auraient arrêté dix braconniers. «C’est ce qui sème la panique du côté des chefs traditionnels, qui craindraient d’être accusés de complicité», a-t-il estimé.
Depuis le début de l’année, cette réserve est confrontée à une forte pression des braconniers en quête des pointes d’ivoire, dont les prix sont en augmentation fulgurante. D’après Guy Bayima, un kilo d’ivoire, qui se vendait entre 20 et 30 USD sur le marché local, est passé à 100 voire 120 USD. A Kisangani, il se négocie entre 150 et 180 USD.
Malgré les efforts fournis par l’ICCN, celui-ci a indiqué avoir enregistré plusieurs incursions des braconniers dans cette réserve, en l’espace de trois mois.
Dans un communique de presse diffusé en mai dernier, le commissaire de district de l’Ituri avait dénoncé la recrudescence des activités de braconnage dans cette réserve, incriminant certains militaires de l’armée régulière et des éléments des groupes armés.
Pour faire face à ce phénomène qui prenait de plus en plus de l’ampleur, l’ICCN avait fait appel aux FARDC. Ces deux structures traquent depuis lors, les braconniers en organisant des patrouilles mixtes dans les parcs et les alentours.
D’une superficie de 13 726 km², la réserve de Faune à Okapi regorge d’espèces animales rares dont les Okapis, les éléphants et les grands singes, notamment les bonobos.
La société civile du territoire de Wamba à plus de 400 kms, au Nord-Est de Kisangani, avait dénonce, en août 2010, l’abattage illicite - en l’espace d’une année – d’une dizaine d’éléphants dans la réserve de faune à Okapi par des braconniers utilisant des armes de guerre.
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