L’élection présidentielle organisée mardi 21 juillet au Burundi a connu un faible engouement, plus particulièrement à Bujumbura, la capitale. Dans plusieurs bureaux de vote visités par l’envoyé spécial de Radio Okapi, moins d’un électeur sur 10 a pu voter. Des partisans de l’opposition ont jugé inutile d’aller voter, les cartes étant jouées d’avance, selon eux, en faveur du président Pierre Nkurunziza, qui brigue un 3e mandat.
Si un engouement était visible lors des élections législatives et communales du 29 juin dernier, pour la présidentielle de ce jour, les électeurs venaient au compte goute aux bureaux de vote.
Au centre de vote du lycée municipal de Rohero, à Bujumbura-centre, à 12h15, 31 électeurs avaient voté sur les 387 attendus.
Au centre de vote du lycée municipal de Musaga, 8 électeurs avaient également voté sur les 387 attendus au bureau de vote numéro 13.
Une habitante rencontrée à Mutanga Nord affirme n’avoir pas fermé l’œil de la nuit suite à des coups de feu et des explosions de grenade entendus dans son quartier.
Des partisans de l’opposition ont déclaré qu’il était inutile pour eux d’aller voter, les cartes étant déjà jouées d’avance, selon eux, en faveur du président Pierre Nkurunziza.
D’autres encore disent avoir voté par peur d’éventuelles représailles des partisans du pouvoir qui sèment la terreur dans certains quartiers de la ville.
Par ailleurs, un membre du parti MSD de l’opposition a été retrouvé mort mardi martin à Nyakabiga.
Un journaliste pigiste chasseur d’image, travaillant pour le compte de la chaine de télévision Al-Jazira, a été appréhendé puis relâché par le service national des renseignements burundais.
Certains observateurs affirment que si des pays donateurs maintiennent leur position contre cette élection présidentielle, le Burundi risque d’en souffrir, du fait que plus de 50% de son budget provient d’aides extérieures.
Absence de la plupart des médias
Selon l’observatoire de la presse burundaise, les observateurs et mandataires de partis politiques ainsi que les professionnels des médias indépendants étaient invisibles mardi dans les bureaux de vote de Bujumbura rurale et Bujumbura ville.
En dehors des organes de la presse proches du pouvoir, seul l’hebdomadaire Iwacu a pu résister aux nombreuses pressions des forces de l’ordre, précise le vice-président de cette structure, Léandre Sikuyavuga.
Il reconnait, en définitive, que «les conditions de travail sont devenues difficiles».
«D’abord la conjoncture économique ne le permet pas. Et puis vous savez que la plus part des médias indépendants, surtout les radios dont la RPA, Isanganiro, Bonesha et radio Télé renaissance, ont été incendiés. Et les journalistes sont pour la plus part en exil. Mais nous, on essaie de travailler professionnellement pour éviter un certain désaccord avec nos gouvernants», a-t-i expliqué.
L’observatoire de la presse burundaise dit avoir déployé des journalistes tant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays.
«Et nous avons aussi des correspondants dans les provinces. A Bujumbura, on a pu couvrir les élections dans les communes du Nord : Kamenge, Kinama et Cibitoke. Dans les régions du sud, on a pu couvrir Kinindo, kanyosha. Dans le centre, c’était justement Rohero et la plus part des bureaux qui s’y trouvent. On a dû envoyer des journalistes au nord du pays, notamment dans la province de Ngozi, à Buye plus précisément, parce que c’est là où le chef de l’Etat s’est rendu pour voter», a-t-il poursuivi.
L’essentiel, affirme enfin Léandre Sikuyavuga, c’est d’avoir une vue d’ensemble du déroulement de l’élection présidentielle au Burundi.
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