Près de 60% de la production de l’or échappe au circuit normal d’achat et d’exportation des matières précieuses, en Ituri (Province Orientale), a déclaré jeudi 26 février Eric Yamba, le responsable du Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC) à Bunia. Il s’exprimait dans un atelier sur le suivi de la mise en œuvre de la certification des matières précieuses organisé par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
«La traçabilité normale de l’or au niveau de concessions nous échappe et ça prend diverses destinations. Il y a seulement une infime partie qui est achetée au niveau des comptoirs et le reste prend des destinations diverses», s’est-il plaint.
Eric Yamba accuse des sous-traitants de la Société minière de Kilo Moto (Sokimo) de favoriser cette fraude minière.
Pour sa part, le conseiller au ministère des Affaires étrangères, Aimé Kakese, explique la sortie frauduleuse de l’or congolais de l’Ituri par le fait que les acheteurs congolais fonctionnent avec des capitaux venus des pays étrangers.
«Toute la production de l’or disparait. Nous sommes effectivement devenus des commissionnaires des pays étrangers. Nous devons changer notre mentalité d’aller prendre de l’argent à l’étranger et venir acheter ici pour ensuite aller vendre encore à l’étranger. Des opérateurs économiques de l’Ituri ne bénéficient que des commissions», a-t-il expliqué.
Des représentants de la Sokimo et de la société minière Ashanti Goldfiels Kilo (AGK), présents à ces travaux, ont refusé de répondre aux allégations portées contre leurs entreprises, arguant qu’ils n’étaient pas mandatés pour cela.
En novembre 2014, le gouvernement congolais avait recommandé que la taxe à l’exportation de l’or soit réduite à 1%.
C’était au cours d’un forum organisé à Kinshasa dans l’optique de la certification de l’or artisanal pour un commerce licite en RDC.