La justice congolaise poursuit le défenseur des droits de l’homme, Christopher Ngoyi Mutamba, pour «une série d’incriminations» dont incendie volontaire, actes de pillage et incitation à la haine raciale, notamment contre les personnes de race chinoise. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, l’a indiqué jeudi 5 février au cours d’une conférence de presse à Kinshasa. Il répondait ainsi à une coalition de défenseurs des droits de l’homme qui exigeaient de lui qu’il rende publique le lieu où est détenu leur collègue.
Selon ces ONG, Christopher Ngoyi, coordonnateur de la Synergie Congo culture et développement, a disparu depuis 17 jours.
Ils menacent de tenir le gouvernement responsable de tout ce qui pourrait lui arriver, envisageant même de se faire aussi prisonniers pour protester contre cette arrestation.
Au cours d’une conférence de presse au siège de la Voix des sans voix, le secrétaire général de la Ligue des électeurs, Me Sylvain Lumu, a demandé au porte-parole du gouvernement de rendre publique le lieu de la détention de leur collègue.
«Christopher est introuvable. Nous allons mener toutes les démarches nécessaires pour le retrouver. Nous ne fatiguerons pas. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui doivent apprendre à respecter les droits humains», a-t-il prevenu.
Selon Me Lumu, la crainte des défenseurs des droits de l’homme est de voir leur collègue subir le même sort que celui de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, deux défenseurs de droits de l’homme assassinés en juin 2010 à Kinshasa, après avoir répondu à une invitation du chef de la police de l’époque.
«Dans notre pays, ça va très vite. On ne peut pas nous dire aujourd’hui que Christopher a été présenté à la justice sans que nous ne soyons au courant», a-t-il affirmé.
«Sa famille sait où il est»
En réaction à ces déclarations, le porte-parole du gouvernement, Lambert-Mende, a affirmé que Christopher Ngoyi est détenu par la police judiciaire des parquets pour des infractions graves retenus à sa charge.
«Il sera déféré devant un juge dans les 24 heures», a affirmé le ministre à la presse.
«Il n’y a aucune crainte à avoir parce que, d’abord, feux Chebeya et Bazana n’ont jamais été arrêtés par quelqu’un. Ils ont été assassinés, nous le savons. Nous, nous disons que Christopher Ngoyi a été arrêté, pris sur le fait, pour une série d’incriminations qui sont connues : incendie volontaire, acte de pillage, incitation à la haine raciale notamment contre les personnes de race chinoise», a-t-il expliqué.
Lambert Mende a assuré que les avocats du prévenu le voient et que sa famille sait où il est détenu.
«Je ne pense pas que les associations des droits de l’homme aient des droits particuliers à exiger d’être informés. Non. Il n’y a que sa famille et ses avocats qui ont le droit de le savoir. Je sais qu’on lui a même amené les produits pharmaceutiques il n’y a pas longtemps. Et je pense que, dans les 24h ici, il va être présenté à un juge», a-t-il expliqué.
Evoquant les dernières manifestations populaires contre le vote de la loi électorale au Parlement, le porte-parole du gouvernement a donné un bilan de 27 personnes tuées, dont 4 à Goma.
Lambert Mende parle aussi de près de 500 personnes interpellées par la police, dont 130 -des étudiants- qui ont été remis en liberté, 12 qui sont blessés et hospitalisés et 49 mineurs qui ont été mis à la disposition du juge pour enfants.
Les ONG des droits de l’homme ont dénoncé mardi dernier une «instrumentalisation de la justice à des fins politiques» après l’arrestation de plusieurs leaders de l’Opposition et défenseurs des droits humains dans le but, selon elle, de les réduire au silence.
Le gouvernement s’est défendu face à cette dénonciation, parlant de fausse allégation visant à faire pression sur la justice.
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