Le Rwanda commémore ce lundi 7 avril le vingtième anniversaire du massacre de huit cent mille personnes essentiellement des Tutsi qui a eu lieu entre avril et juillet 1994. Ce génocide survenu juste après la mort dans un crash d’avion du président rwandais de l’époque Juvénal Habyarimana et du président burundais Cyprien Ntaryamira a eu des répercussions en RDC. Les provinces du Nord et Sud-Kivu qui ont accueilli de nombreux réfugiés hutu rwandais vivent dans l’instabilité sécuritaire depuis vingt ans. Guerres à répétitions, conflits ethniques et arrivée massive des déplacés dans les deux provinces. Tel a été le lot quotidien des populations congolaises dans ces deux provinces.
Avril 1994, lorsque les massacres commencent au Rwanda, des milliers des refugiés rwandais affluent vers les provinces congolaises voisines du Nord et du Sud-Kivu. Parmi eux, des personnes accusées d’avoir activement participé au génocide. Certains d’entre eux sont logés dans les camps tandis que d’autres trouvent abri dans les familles d’accueil.
A l’arrivée de l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDL) en 1996, une rébellion des forces hétéroclites qui veulent chasser le président Mobutu du pouvoir, la présence des réfugiés va devenir nocive pour la population congolaise. Chassés des camps par les forces de l’AFDL soutenues par le nouveau régime de Paul Kagame, au pouvoir au Rwanda, les réfugiés hutus armés vont se disperser dans le Nord et le Sud-Kivu.
A partir de ce moment, ils s’illustrent par des massacres, des viols, des exécutions sommaires et des exactions, qui depuis ont plongé les populations de ces deux provinces dans le désarroi. Au nom de l’«auto-défense», de milices locales vont voir le jour.
Tantôt pour faire face aux exactions des FDLR, la rébellion hutu rwandaise, qui a ses bases arrières dans l’est de la RDC. Tantôt pour résister aux groupes armés étrangers. Mais ces milices locales vont aussi se rendre coupables de nombreux crimes sur les populations parfois livrées à elles-mêmes.
Conflits communautaires
La présence des hutus rwandais a aussi créé des conflits communautaires. Les communautés congolaises rwandophones étant parfois confondues aux Rwandais. Un climat délétère va rapidement s’installer entre les différentes communautés locales et les nouveaux arrivants.
En 2002, la Mission de l’Onu en RDC initie un processus de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration (DDRRR) des combattants hutus qui désirent abandonner la lutte armée et rentre chez eux au Rwanda. Vingt ans après, le DDRRR a réussi a rapatrié 12 335 ex-combattants.
La même source estime à environ 2 000, le nombre des rebelles hutus rwandais qui restent encore dans la brousse.
L’historien Isidore Ndaywel estime que les leaders politiques du Rwanda et de la RDC doivent à présent faire un effort « de vérité et de réconciliation ».
« [Il faudrait] mettre en place une politique volontariste de réconciliation, non seulement entre Tutsi et Hutu, mais entre Congolais et Rwandais. Que les députés entre eux, que la société civile, que les leaders religieux, que les étudiants du Rwanda et du Congo puissent faire leur commission vérité et réconciliation », plaide Isidore Ndaywel.
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