La majorité et l’opposition congolaises saluent la résolution 2098 des Nations unies créant une Brigade d’intervention de la Monusco qui devra neutraliser les groupes armés opérant en République démocratique du Congo (RDC). La résolution a été votée à l’unanimité le jeudi 28 mars. La Majorité présidentielle (MP) parle « d’une victoire diplomatique du gouvernement congolais » alors que l’opposition souhaite que ce projet « ne demeure pas une lettre morte ».
« Au delà de cette victoire diplomatique que nous célébrons et que nous devons reconnaître à juste titre à la vision du chef de l’état et à l’action de son gouvernement, il faut espérer que cette force sera bientôt sur le terrain et va pourchasser [les groupes armés] pour que la souffrance de nos populations dans l’Est ne perdure pas », déclare André Alain Atundu, membre de la cellule de communication de la MP.
Il dit également espérer la coopération de tous les Etats voisins « engagés à ne pas soutenir ces rebellions, ni à les accueillir chez eux ».
« Toutes les modalités pratiques ont déjà été évacuées pour que dans le mois ces forces soient non seulement au Congo mais soit opérationnelles », poursuit André Alain Atundu.
Selon le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, la brigade d’intervention comptera 3 069 hommes, venus d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, et sera opérationnelle d’ici juillet.
Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, se félicite aussi de l’envoi de cette brigade d’intervention. Mais il se plaint « du retard de la réaction musclée » des Nations unies face à la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.
« Nous avions l’impression finalement qu’il fallait laisser les congolais mourir avant d’avoir une réaction musclée de la part du Conseil de Sécurité. Mais aujourd’hui, vaut mieux tard que jamais, nous sommes très heureux de voir qu’on a mis en place une brigade qui comprend trois bataillons », affirme-t-il.
Tout en expliquant que la tâche de sécuriser le pays et de protéger ses frontières revient en premier lieu aux responsables congolais, le président de l’UNC estime que cette force permettra de résoudre des problèmes sécuritaires que connaît l’Est de la RDC.
« Avec cette brigade d’intervention qui est dotée d’un mandat offensif, je suis certain que le bout du tunnel est prêt. J’ai noté avec bonheur que Madame Robinson, l’envoyée Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies [pour la région des Grands Lacs], sera chargée de conduire et de veiller à ce que le processus politique global en interne puisse rassembler toutes les parties prenantes afin de s’attaquer aux causes profondes de la crise qui mine notre pays. »
Le Conseil de sécurité de l’Onu a chargé Mary Robinson de diriger, coordonner et évaluer l’application des engagements pris au titre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, et de conduire « un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes en vue de remédier aux causes profondes du conflit dans la région ».
Onze pays de la région ont signé le 24 février dernier l’accord-cadre d’Addis-Abeba qui les engagent à respecter la souveraineté territoriale de la RDC et à préserver la paix et la stabilité dans le pays.
Ces pays sont également tenus de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des pays voisins; de ne tolérer aucun type de groupe armé ni fournir d’aide ou d’appui à ces groupes; et de ne pas offrir de refuge ou de protection de quelque type que ce soit aux personnes accusées de crimes graves.
L’Est de la RDC est confronté à plusieurs groupes armés depuis deux décennies. En mai 2012, des mutins de l’armée congolaise ont créé la rébellion du M23. La RDC accuse le Rwanda et l’Ouganda de soutenir ce mouvement, en pourparlers avec le gouvernement congolais à Kampala (Ouganda) depuis décembre 2012.
Imposer la paix
La société civile du Nord-Kivu se réjouit de la création de la brigade d’intervention. Pour le vice-président de cette structure, Omar Kavota, cette résolution répond « au besoin d’imposer la paix dans le Kivu, victime des années des conflits armés qui ont contraint des milliers de familles à fuir leurs milieux d’origine ».
« La société civile du Nord-Kivu salue cette décision courageuse et en appelle à la célérité pour que cette brigade vienne traquer le plus tôt les groupes armés qui sèment de la déstabilisation dans cette partie du pays », affirme-t-il.
Selon lui, la souffrance de la population devient insupportable.
« Nous pensons que les souffrances dues à cette guerre ont trop duré. Elles deviennent de plus en plus insupportables. Des milliers de déplacés doivent rentrer dans leurs milieux d’origine et la population doit être libérée de l’administration criminelle des groupes armés », déclare Omar Kavota.
Il a souligné que cette résolution doit, par ailleurs, mettre fin aux négociations avec le M23, «qui fait partie intégrante du problème».
« A notre niveau nous considérons que cette résolution des Nations unies met officiellement fin aux pourparlers entre le gouvernement et le M23. Nous pensons qu’il est temps qu’on impose la paix et celle-ci passe par démanteler le M23 parce qu’il fait partie des problèmes aux côtés des autres groupes armés », ajoute-t-il.
Lire aussi sur radiookapi.net: