Un calme apparent règne, depuis vendredi 5 novembre dans l’après-midi à Kikwit dans le Bandundu, après les manifestations des jeunes entamées depuis la veille. Le bilan fait état d’un mort par balle perdue tirée par la police pour disperser la foule, deux enfants grièvement blessés, la maison et le bureau du secrétaire exécutif du parti présidentiel pillés systématiquement, des cabines téléphoniques ambulantes emportées.
La situation a été tendue dans la ville de Kikwit jusqu’à ce vendredi 4 novembre dans la matinée. Ce vendredi des jeunes gens ont manifesté dans la rue, armés de bâtons et de machettes. Ils ont barricadé la plupart des routes, en signe de protestation contre l’attaque du camp militaire colonel Ebeya par des inconnus en début de semaine. Une attaque qui a fait trois morts, tous des militaires FARDC.
Des jeunes gens rassemblés dans les différents quartiers de la ville ont veillé depuis jeudi dans la soirée.
Ce vendredi matin, ils ont pris d’assaut les artères principales de Kikwit. Certains d’entre eux ont marché sur la nationale n°1 à Kikwit 3, pendant qu’un autre groupe prenait d’assaut la principale artère de la ville de Kikwit, l’ex-boulevard Mobutu.
Les commerces n’ont pas ouvert. Certains tenanciers des boutiques et pharmacies situées dans le centre ville de Kikwit ont pris le risque d’ouvrir leurs échoppes ce matin.
Ils se sont vite ravisés à la suite des jets de pierres des manifestants, rapportent des témoins.
Débordée, la police a eu du mal à contenir la foule.
Psychose
Joint à Kinshasa où il séjourne pour le moment, le gouverneur de la province du Bandundu affirme qu’il est difficile de décrire la situation actuelle à Kikwit.
Richard Ndambu indique toutefois que la population de cette ville vit dans une psychose des infiltrés, mais qu’il n’y a pas de preuve.
Pour lui, on intoxique la population locale. Il a déclaré :
« C’est vrai qu’il y a un peu d’intoxication, des gens qui font passer des messages parce qu’hier même en ma présence, un responsable m’a informé qu’on venait d’abattre et d’éventrer un inspecteur sur la route d’Idiofa, à quelques kilomètres de Kikwit. Nous avons dépêché une équipe là-bas. C’était une fausse alerte.»
Selon le gouverneur Ndambu, on n’a pas encore trouvé de morts à Kikwit, sauf qu’il y a quatre jours, dit-il, une personne soupçonnée d’être rebelle a été tabassée et tuée. Après vérification, cette version d’un rebelle s’est avérée fausse, poursuit-il.
Le gouverneur affirme avoir pris des dispositions sécuritaires :
« Les dispositions, c’est qu’hier (Ndlr : jeudi 4 novembre), je suis descendu sur le terrain. J’ai examiné la situation sécuritaire de la ville. J’ai tenu une réunion du conseil de sécurité. On a pris des orientations. Dommage que ce vendredi matin, des jeunes gens se soient constitués eux-mêmes en force d’autodéfense. Au lieu qu’ils continuent à protéger la ville, ils se sont livrés à de petites scènes de pillage. »
Assassinats
Des témoins affirment que des hommes armés sèment l’insécurité dans la ville de Kikwit. Plusieurs habitations auraient été visitées par ces hommes.
Mardi 2 novembre, les habitants des quartiers de la commune de Lukeni ont brûlé vif un homme suspect, selon eux.
Vingt-quatre heures après, trois militaires commis à la garde du camp colonel Ebeya, dans la commune de Katanda, ont été assassinés par des inconnus.
Des cas d’insécurité sont signalés dans plusieurs quartiers de la ville.