Obtenir un rendez-vous pour l’obtention d’un visa pour un pays de l’Union européenne relève du parcours de combattant pour plus d’un Kinois. Pamphile*, 28 ans, candidat à l’immigration en France en a fait l’expérience. Il s’est levé, vendredi, à 5 heures du matin pour parcourir les 5 kilomètres qui le séparent de l’ambassade de France située près du rond-point Socimat en plein centre d’affaires de Kinshasa.
Pamphile espérait ainsi arriver tôt et pointer en bonne place pour être reçu parmi les premiers arrivants.
A 8 heures lorsqu’il arrive à l’ambassade, c’est plutôt un attroupement qu’il constate. Des demandeurs de visas arrivés plus tôt que lui.
Ici, pas de siège pour visiteurs ni d’abris. Pamphile comme ses autres compagnons à l’immigration doit rester debout et braver le chaud soleil de septembre à Kinshasa.
« Je suis désolé de constater qu’une grande ambassade comme celle de la France doit traiter des gens comme si on était au 6ème siècle. On est accueilli à l’extérieur sous le soleil…, les conditions d’accueil, sont vraiment dérisoires. Il n’y a même pas de chaise pour accueillir les gens», se plaint-il.
Ces conditions d’accueil sont loin d’être l’apanage de la seule ambassade de France.
Des attroupements sont aussi observés devant les ambassades de Belgique et d’Afrique du Sud qui accueillent beaucoup de candidatures pour l’obtention des visas à court et long séjour.
L’ambassadeur de France rassure que ces conditions d’accueil vont rapidement s’améliorer.
La chancellerie a récemment déménagé, explique-t-il, et ses services encore en chantier ont besoin d’un peu plus de temps pour s’installer.
Pierre Jacquemot déplore tout de même le fait que beaucoup de demandeurs des visas se présentent à l’ambassade à l’improviste, ce qui ne favorise pas toujours leur bon accueil.
Bien plus, d’autres demandeurs se trompent d’adresse, poursuit-il. Ils se rendent à l’ambassade de France alors qu’ils doivent s’adresser à des structures autres que l’ambassade.
C’est le cas des demandeurs de visa de court séjour en France. A leur sujet, Pierre Jacquemot a déclaré :
« Je pense aux demandeurs de visa de court séjour qui doivent s’adresser à la maison Schengen mise en place avec le concours de la Belgique. La maison Schengen délivre de visa de court séjour pour la France et c’est ça la bonne adresse et non pas l’ambassade de France.»
D’après lui, l’ambassade de France ne s’occupe plus que des visas de long séjour, pour soins médicaux et pour le personnel diplomatique.
Sa chancellerie offre également des services de délivrance des visas pour certains pays africains qui n’ont pas de représentation diplomatique en RDC comme le Sénégal.
Malgré ces conditions d’accueil décriées, le tableau n’est pas totalement sombre. Témoin l’accueil réservé aux demandeurs des visas pour le Canada et la Grande Bretagne.
Gertrude, 41 ans, rencontrée devant l’ambassade de Grande Bretagne témoigne :
« En 2005 lorsque je devais me rendre pour la première fois à Londres, mon jeune frère a passé la nuit à la belle étoile devant l’ambassade de la Grande Bretagne pour me réserver une place très tôt le lendemain matin. Depuis, la situation a évolué. Chaque fois que je veux me rendre à Londres, je remplis un formulaire et prends rendez-vous sur le site web de l’ambassade. Et comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de file ni d’attroupement ici. J’attends l’heure prévue dans le rendez-vous pour m’annoncer.»
Les demandeurs de visa schengen, eux, devront encore prendre leur mal en patience.
*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat