Roger Lumbala, ancien ministre, député et sénateur de la RDC, comparaitra devant la Cour d’assises de Paris le 12 novembre prochain. Il est poursuivi par la justice française pour des faits présumés de complicité de crimes contre l’humanité, qui remontent aux années 2002-2003 dans la province de l’Ituri à travers l’opération dite « effacer le tableau ». La Justice française se fonde sur le principe de compétence universelle pour le juger. Principe battu en brèche par l’avocat de Roger Lumbala, Philippe Zeller, qui dénonce "l’abus et le silence des autorités françaises" à plusieurs demandes d’extradition formulées par la justice de la RDC pour juger son ressortissant.
"Ce silence interpelle autant qu'il inquiète. Sur le plan juridique, on risque d'aboutir à un abus manifeste de l’exercice de la compétence universelle, à une remise en cause du principe de subsidiarité dans la mesure où à nouveau, la République démocratique du Congo a formé une demande d'extradition visant Mr Lumbala", explique Me Zeller.
Sur le plan politique, selon lui, le silence des autorités françaises continue à remettre en cause la souveraineté judiciaire pourtant affirmée de la République démocratique du Congo.
"Enfin sur le plan des droits de la défense, comment ne pas s'interroger dans la mesure où Mr Lumbala est renvoyé à l'issue d'une instruction hors sol à 800 kilomètres du théâtre des événements, sans aucun enquêteur dépêché RDC?", questionne l'avocat.
Plus de deux mille victimes indirectes dues aux atrocités auraient été recensées et un cimetière de cinq cents morts construit en Ituri, selon l’Association nationale des victimes du Congo, alors que Lumbala dirigeait la rébellion du RCD-N. La justice française l’a arrêté à Paris en janvier 2021.