L’année qui s’annonce sera celle d’une nouvelle marche de l’espoir vers plus de démocratie et de paix. Elle exigera de nous de l’engagement, du courage, de la persévérance, de la hauteur et de la dignité, a annoncé mercredi 25 décembre Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, dans son message de noël et de nouvel an.
« Continuons notre lutte dans la responsabilité, en ayant à cœur la défense des intérêts de notre peuple tout en ne perdant pas de vue qu’avec ses immenses atouts, la RDC, notre pays, est une terre d’avenir pour les Congolais et pour l’humanité entière », a rappelé Denis Mukwege.
Il fait remarquer que pour des millions d’autres frères et sœurs, cette fête de Noël se passe malheureusement dans l’ombre des maladies, de la faim, du deuil et des privations de toutes sortes.
« Cela, parce que les conditions de vies de nos concitoyens deviennent année après année encore plus difficiles à cause de la mauvaise gouvernance du pays, de la corruption, de la cupidité et de l’égoïsme de ses dirigeants. Aux drames personnels, il sied d’ajouter les souffrances collectives de millions de nos compatriotes de l’Est du pays, particulièrement du Kivu et de l’Ituri, qui subissent les atrocités des guerres que nous mène le Rwanda et l’Ouganda au travers du groupe armé M23 et plusieurs autres milices », explique le prix Nobel de la paix.
Révision constitutionnelle inopportune
Pour Denis Mukwege, il est paradoxal de constater que c’est en ce moment où l’intégrité territoriale et la survie même de notre pays sont mis à rude épreuve, que le Président de la République a choisi de tenter une révision constitutionnelle.
« Cette démarche est inopportune, suspecte et dangereuse », a-t-il relevé.
« En effet, il est prévisible que les désaccords périlleux que suscitera un tel forcing, dans un contexte de turbulences intérieures et régionales, fragiliseront davantage la cohésion sociale déjà ébranlée par la crise de légitimité qui a suivi les élections chaotiques et frauduleuses de décembre 2023. Le sens de responsabilité qui nous incombe tous, nous commande à tirer la sonnette d’alarme et avertir les politiciens au pouvoir du danger d’une déstabilisation majeure de notre pays », écrit Denis Mukwege.
Pour lui, la mauvaise gouvernance et les horreurs actuelles ne peuvent plus se poursuivre.
« Hier comme aujourd’hui, nous ne pouvons accepter que l’ambition de se pérenniser au pouvoir au-delà des mandats constitutionnels mette à nouveau en péril la vie de nos concitoyens et l’existence même de notre pays. Cette tentative serait un fâcheux recul pour notre démocratie emportée de haute lutte par plusieurs générations », a averti Denis Mukwege.