La représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita a fait savoir, lundi 8 juillet, que la RDC connait « l’une des crises humanitaires les plus graves, les plus complexes et les plus négligées de cette époque ».
Elle a déclaré cette phrase devant le Conseil de sécurité de l’ONU, à New-York (Etats-Unis d’Amérique).
Bintou Keita n’a pas hésité d’attribuer cette situation au M23 qui occupe des agglomérations dans le Nord-Kivu et ses débordements dans le Sud-Kivu, malgré plusieurs opérations menées par les FARDC, régulièrement soutenues par la MONUSCO et le SAMIDRC.
Au cours des deux dernières semaines, le M23 s'est emparé de plusieurs sites stratégiques au Nord-Kivu, dont la ville de Kanyabayonga, à cheval sur les territoires de Lubero et de Rutshuru.
Elle a regretté qu’au cours de leur dernière offensive militaire, le M23 et ses supplétifs ont brûlé plusieurs bases des FARDC et provoqué de nouveaux déplacements de population, aggravant encore une situation humanitaire et des droits de l'homme déjà catastrophique dans l’Est de la RDC.
« Comme l'a montré le groupe d'experts, qui fait rapport au Comité des sanctions créé par le Conseil, le gouvernement rwandais a renforcé son soutien au M23, ce qui lui a permis de réaliser d'importants gains territoriaux dans l'Est de la RDC. L'escalade rapide de la crise du M23 comporte le risque très réel de provoquer un conflit régional plus large », a souligné Bintou Keita.
Activisme des miliciens en Ituri
En plus de l'escalade de la crise du M23, la cheffe de la MONUSCO a fustigé la série d'attaques des rebelles ADF, des miliciens Zaïre et CODECO dans la province d'Ituri ayant fait, près de 300 victimes supplémentaires au cours de la période couverte par le présent rapport.
La représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC a révélé qu’au Sud, les ADF ont également pénétré à plusieurs reprises dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), tuant plus de 90 personnes, entre le 4 et le 7 juin derniers dans des coins isolés de ce territoire du Nord-Kivu.
Elle a également signalé qu’au Sud-Kivu, la crise du M23 a atteint le territoire de Kalehe, avec des tirs indirects sur Minova et d'autres villes voisines, tuant et blessant plusieurs civils et provoquant d'autres déplacements.
Des déplacements massifs
Bintou Keita a signalé que l'escalade de la violence dans l'Est continue de provoquer des déplacements massifs de population, exacerbant une situation humanitaire déjà terrible. Au total, la RDC compte aujourd'hui 7,3 millions de personnes déplacées, dont 6,9 millions dans les seules provinces de la partie Est de la RDC. Elle a fait savoir la proximité croissante des lignes de front et la présence d'armes (y compris d'artillerie lourde) à l'intérieur et autour des camps de déplacés et des sites spontanés compromettent considérablement la sécurité des populations déplacées et résidentes. Au moins 15 bombardements ont touché des sites de personnes déplacées ou leurs environs immédiats, tuant près de 30 personnes et en blessant beaucoup d'autres, a jouté la cheffe de la MONUSCO.
Dans ce contexte complexe, a assuré Bintou Keita, la MONUSCO a poursuivi son soutien aux opérations militaires des FARDC. Ces opérations conjointes ont pu contribuer à la protection des civils, surtout en ce qui concerne les opérations contre CODECO et des groupes Mai Mai en Ituri. « La MONUSCO a formé 500 nouvelles recrues FARDC dans le cadre d’une nouvelle opération conjointe FARDC-MONUSCO, nommée Northern Scalpel.
L’opération Springbok, en défense de Goma et Saké, a continué à faire face aux opérations du M23, et se poursuit », a-t-elle poursuivi.