Les acteurs de la nouvelle société civile congolaise du Sud-Kivu s’opposent à la traversée de petits commerçants burundais vers la ville et le territoire d’Uvira. Des jeunes descendent depuis le vendredi 5 janvier vers la frontière congolaise de Kavimvira pour pourchasser tout Burundais porteur de marchandises vers Uvira.
Pour le coordonnateur de la société civile à Uvira, Martin Mafikiri, il s’agit d’une action de réciprocité face aux tracasseries que subissent les Congolais à Gatumba, au Burundi.
Il déplore cependant le silence des autorités congolaises locales, provinciales et nationales sur ce dossier alors que plusieurs rapports recommandent au Gouvernement congolais de demander au Burundi voisin de respecter l’engagement signé par les Etats membres du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA).
Le Burundi et la RDC avaient ratifié le document d’exonération et de facilitation des produits crus, comprenant une série de produits relatifs au régime commercial simplifié à travers le COMESA. Une liste reprend des produits non assujettis à la taxation.
Cependant, selon le coordonnateur de la nouvelle société civile congolaise à Uvira, Martin Mafikiri, le Burundi n’indique pas lesquels des produits ratifiés ne doivent pas traverser la frontière vers la RDC et à quelle quantité. La semaine dernière, une femme commerçante congolaise a été arrêtée puis transférée dans une prison au Burundi pour avoir été transporté 30 kg de haricot qu’elle tentait de faire traverser vers Uvira.
Beaucoup d’autres petits commerçants transfrontaliers sont victimes d’actes de vandalisme et de tracasserie à plusieurs barrières érigées entre Gatumba et Kajaga au Burundi.
« Avec ces accords-là, l’on détermine les produits qui peuvent faire l’objet d’échanges entre les deux pays. Malheureusement, chaque fois que les Congolais traversent, ils sont victimes de tracasseries et des amandes, et parfois on leur ravit des biens et des marchandises. Et ça nous l’avions décrié à tous les niveaux. C’est pourquoi aujourd’hui nous avons décidé de descendre au niveau de la frontière. Nous ne voulons pas l’entrée de tous les commerçants burundais pour venir ici chez nous en RDC jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée au niveau du Burundi et au niveau de la RDC, parce que nous n’allons pas continuer à souffrir, pourtant il y a des textes qui sont là et que les deux pays. La RDC et le Burundi doivent respecter pour permettre la sécurité de nos concitoyens congolais », a fait remarquer Martin Mafikiri.
Avec cette action de la société civile d’Uvira, près de 200 petits commerçants burundais sont bloqués. Le chef de poste du Burundi, le colonel Bonaventure Nijimbere, a traversé samedi 6 janvier vers la RDC pour s’enquérir de la situation.
Les Congolais lui ont transmis des noms des personnes impliquées dans ces tracasseries à Gatumba. L’ambassadeur de la RDC au Burundi, Willy Mabika, lui aussi, a fait le déplacement vers la frontière.
Les Congolais lui ont signifié que ces tracasseries au Burundi freinent la libre circulation des personnes et de leurs biens, socle du développement de la sous-région.