Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a accusé la Grande-Bretagne de « fermer les yeux » sur les abus de Kagame sur le bilan antidémocratique de celui-ci et les atrocités commises par son armée supplétive dans l’est du Congo, riche en minerais. Cette évaluation du Président Tshisekedi est diamétralement opposée à la description du Rwanda faite par la ministre britannique de l’intérieur qui qualifie ce pays-là « d’un modèle dans la région ».
Le Chef de l’Etat l’a dit au cours d’une interview accordée au journal anglais The Times. L'article tiré de cet entretien est publié sur le site web de la Présidence de la RDC.
Félix-Antoine Tshisekedi a dressé un bilan accablant de l’accord conclu entre la Grande-Bretagne et le Rwanda en matière d’immigration, qui, selon lui, a été conclu en échange du silence de Londres sur les exactions commises par le régime du président Kagame. Felix Tshisekedi a décrit le dirigeant rwandais comme un « dictateur criminel et sanguinaire ».
« Comment un pays aux grandes valeurs comme le Royaume-Uni peut-il faire des compromis avec de telles partenaires ? » s’interroge le Président alors que Suella Braverman se rendait au Rwanda pour finaliser l’accord sur le refoulement des immigrés clandestins.
« Il semble que l’accord sur l’immigration ait plus de valeur pour le Royaume-Uni que le soutien à la paix et à la stabilité en RDC », a déclaré Tshisekedi.
Le dirigeant congolais a demandé des sanctions contre le Rwanda qui, selon les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays occidentaux, soutient et arme le M23, rappelle la Présidence. Le groupe a été impliqué dans des viols massifs, des massacres arbitraires de civils et le pillage des richesses naturelles.
Au moins un demi-million de personnes ont fui leurs foyers depuis l’année dernière, période qui a vu une résurgence du groupe armé. Et pourtant le M23 fut battu il y a dix ans.
Kagame a nié tout lien avec le M23. Des rapports du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC produits au cours de deux décennies ont impliqué le Rwanda dans la contrebande de minerais et de métaux précieux provenant du chaos qui règne dans l’est du Congo. Ces ressources se retrouvent sur le marché international, comme l’or et le colombo-tantalite, ou coltan, qui est utilisé dans la fabrication des téléphones portables.
Le Trésor américain a récemment indiqué que plus de 90 % de l’or de la RDC « est acheminé en contrebande vers des États régionaux », dont le Rwanda, qui ne dispose pas de ressources naturelles significatives. Et pourtant cet or est raffiné au Rwanda et exporté vers les marchés internationaux.