Le Cardinal Fridolin Ambongo a évoqué, vendredi 21 octobre, « une certaine manipulation politique » du conflit qui couve le Grand-Bandundu.
L’archevêque de Kinshasa l’a dit au cours d’une conférence de presse.
A cette occasion, il a présenté le rapport de sa visite pastorale dans cette partie, où le conflit dépasse le cadre de la rivalité Teke-Yaka.
Ce prélat catholique a également rapporté que la situation dans le Grand Bandundu est plus complexe qu’on le croit :
« Nous sommes ici en face d’un conflit intercommunautaire et pas comme cela est décrit de manière simpliste comme un conflit entre Teke-Yaka. C’est une grosse aberration avec des conséquences que nous ne mesurons pas. La réalité est beaucoup plus complexe qu’on le croit. De fait, plusieurs groupes ethniques de la RDC sont impliqués dans ce conflit, même si les Yaka sont majoritaires dans cette contrée ».
Il redoute que ce conflit qui n’est pas bien traité atteigne la ville de Kinshasa.
Fridolin Ambongo établit un rapprochement entre les évènements qui se passent actuellement à Kwamouth et les massacres enregistrés en 2018 à Yumbi :
« Ces deux événements se passent toujours à l’approche des élections et les deux se passent dans la même province de Mai-Ndombe. Ça donne à réfléchir. Il y a la question du bloc pétrolier et celle de la réhabilitation de la RN17, qui joueraient un rôle dans l’aggravation de cette situation. C’est là qu’on peut penser à une certaine manipulation politique de ce conflit ».
Recommandations
Le cardinal Ambongo a par ailleurs recommandé au gouvernement congolais notamment le renforcement de la présence et de l’autorité de l’Etat dans le territoire de Kwamouth et l’examen de la question territoriale pour réduire les distances entre les autorités et les administrés ainsi que l’appui matériel et financier conséquent à l’armée et à la police nationales déployées dans cette région.
Il a également plaidé pour la mise sur pied d’une structure chargée de mener à bien le processus de dialogue et de réconciliation entre les parties en conflit.
L’archevêque a également demandé que les personnes citées qui sont à la base de ce conflit soient poursuivies valablement par la justice.
Horreur
Lors de cette rencontre avec les professionnels des médias, tout a commencé par la projection d’une vidéo qui retrace tout le parcours du Cardinal Fridolin Ambongo dans le Grand Bandundu, particulièrement à Kwamouth, où des témoignages poignants notamment des victimes ont été recueillis.
Tout en demandant une réponse humanitaire urgente, le prélat catholique peint un tableau sombre de la situation :
« Aujourd’hui, on compte plus moins cent septante morts, mais la population des personnes déplacées est énorme. Un grand groupe est à Bandundu, ceux que j’ai rencontrés. Il y en a qui sont éparpillés partout. Il y en a qui ont fui jusqu’à Kinshasa. D’autres sont allés à Kenge, d’autres encore jusqu’à Mushi ».