Plusieurs personnes se sont donné rendez-vous le dimanche 26 juin à Shilatembo, à mi-chemin entre Lubumbashi et Likasi, pour rendre les derniers hommages à Patrice Emery Lumumba (Haut-Katanga). La dépouille de ce dernier a été déposée au mausolée au village Shilatembo, où Lumumba et ses compagnons Maurice Mpolo et Joseph Okito avaient été assassinés il y a 61 ans.
Une cérémonie à la fois solennelle et rituelle a donné le ton à cette longue journée d'hommages avec l'accueil du cercueil par le Premier ministre Sama Lukonde et quatre chefs coutumiers.
Sama Lukonde a rappelé, à cette occasion, l’importance de l'étape de Lubumbashi et manifesté le sentiment de fierté qui l'anime par l’accueil de la dépouille de son prédécesseur sur le sol du Katanga.
« Ce moment historique, empreint de gravité et de solennité, constitue un moment essentiel dans la réappropriation de notre mémoire nationale », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a notamment retracé l'historique journée macabre vécue par Patrice Emery Lumumba et ses deux compagnons Joseph Okito et Maurice Mpolo.
« En ce jour némorale, Shilatembo nous accueille pour nous remémorer ce triste souvenir qui constitue par le sens de l'histoire, l'acte fondateur de la lutte pour la défense de notre intégrité territoriale et notre unité nationale », a déclaré Sama Lukonde.
Une nouvelle page de l’histoire s’ouvre
Le gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe, voit en ce retour de Patrice Emery Lumumba dans son pays natal comme une nouvelle histoire, qui marque ses premières lettres.
« Notre histoire sera écrite par les Congolais et les Africains eux-mêmes. Nous sommes venus dans ce mémorial, non pas pour pleurer mais pour célébrer notre héros national qui nous rappelle de continuer sa lutte », a-t-il renchéri.
Jacques Kyabula Katwe salue le modèle de courage de Lumumba :
« Ce jour du 17 janvier 1961, cette nuit où certains avaient voulu éteindre la lumière qui brillait sur le Congo. Aujourd’hui, 26 juin 2022, il y a une lumière parmi nous. Nous sommes réunis autour d’une lumière. Lumière qui luit dans le cœur des Congolais et Congolaises qui ont Lumumba comme modèle de courage. Restons débout, déterminés à redresser notre front. Nous sommes ici en ce mémorial, non pas pour pleurer mais célébrer notre héros national qui nous rappelle de continuer sa lutte. La lutte de dresser nos fronts longtemps courbés. Lutte de ne plus tolérer ni humiliation ni injustice ni infusion de sang sur nos terres. »
Un drame national
Patrice Emery Lumumba n’a pas pu terminer tout son programme d’action. « Il est mort trop tôt, c’est pourquoi notre génération doit faire l’effort nécessaire pour la continuité du programme de Patrice Lumumba. Que ça soit sur le plan social, les écoles ou sur le plan de l’unité nationale. L’unité nationale est extrêmement importante. Sans l’unité nationale, on ne peut pas aller de l’avant. Ça demande non seulement de la volonté mais du courage pour réaliser le rêve de Patrice Emery Lumumba », a déclaré son fils François Lumumba.
Un culte œcuménique a été célébré et plusieurs groupes traditionnels ont agrémenté ; ce que d'aucuns considèrent comme une veillée de la reconstitution de l'histoire.
Shilatembo résulte de la contraction du mot Shila qui signifie « chemin », en langue Lamba, et Tembo signifiant éléphant, en swahili. Étymologiquement, passage des éléphants. Plusieurs personnes y cohabitaient allègrement jusqu'au 17 janvier 1961, jour du drame, qui brisa leur quiétude par l'assassinat de Lumumba et ses deux compagnons.