Leny Ilondo à propos du STDA : « Le système qu’on veut mettre en place va augmenter des prix et diminuer le volume de vente »

Leny Ilondo, un des administrateurs à la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et président de la commission Industrie, estime que le Système de traçabilité des droits d’accises (STDA) va engendrer une augmentation des prix et une diminution de volume de vente.  Il l’a dit au cours d’un entretien accordé à Radio Okapi.

Il explique ainsi le malentendu qui persiste entre la FEC, le ministre des Finances Nicolas Kazadi et la DGDA autour du nouveau système de traçabilité des droits d’accises.

« Aujourd’hui, nous savons qu’il y a le code d’accises qui requiert le paiement des droits d’accises en faveur du trésor public. Et je peux vous dire qu’à ce jour, toutes les entreprises sont en conformité avec des dispositions impératives de ce code d’accises. Et aujourd’hui, ce que le gouvernement veut atteindre comme objectif, c’est d’élargir sa capacité à collecter les droits d’accises. Mais le système qu’on veut mettre en place, pour lequel on n’a aucune objection, ce système va engendrer une augmentation des prix, une diminution de volume de vente et une réduction de la capacité de l’Etat à collecter impôts, taxes et redevances », prévient Leny Ilondo.

Des impositions multiples

Il fait remarquer que la multiplicité des taxes peut provoquer des résultats contraires aux attentes.

« Sur le côté, il y a également le ministère de l’Industrie qui veut lui aussi imposer un certain droit d’estampillage, les provinces veulent aussi imposer certains droits d’estampillage. Et finalement, le ministre du Numérique veut ajouter le code-barres. Comment voulez-vous par exemple sur une bouteille d’eau, avoir 4 timbres ou 4 codes. Et finalement la marque de la bouteille d’eau n’apparaitra plus. Aujourd’hui, si on a l’opportunité d’exporter cette bouteille d’eau, on ne verra que le nombre d’estampillages sur la bouteille. On ne verra même pas la marque ni la composition nutritionnelle de ce produit », ajoute-t-il.

Risque de flambée des prix

M. Ilondo rappelle que conformément aux recommandations de la commission ECOFIN de l’Assemblée nationale, la DGA devrait prendre en charge les frais de son partenaire :

« Le partenaire de la DGDA ne nous dérange pas. Mais ce sont les frais rémunératoires de ce partenaire qui nous dérangent. Parce qu’ils vont contribuer à l’augmentation des prix de nos produits. Si aujourd’hui la DGDA accepte de rémunérer son prestataire comme l’a suggéré la commission ECOFIN de l’Assemblée nationale, nous sommes partants ».

Retirer l’arrêté

Leny Ilondo affirme que la FEC ne s’oppose pas au système mais fait savoir que la vignette fiscale sur la production locale, est une double imposition pour les opérateurs économiques.

« La FEC ne peut pas empêcher ce système de se mettre en place. Mais ce système ne peut pas se mettre en place dans la perspective d’augmenter les prix de nos produits, de rendre nos produits moins compétitifs, par rapport aux importations. On peut améliorer la compétitivité de nos industries si on arrive à mieux gérer les importations. Mais on refuse d’augmenter les prix pour faire la place aux importations », alerte   Leny Ilondo.

Il ajoute :

« Nous pensons que l’arrêté, avec la bonne foi du ministre des Finances, sera retiré. Mais le retrait de l’arrêté ne veut pas dire que le système ne sera pas installé. Le système sera installé. Mais pas à charge du consommateur ».

 

Leny Ilondo s’entretient avec JR Lungembo.

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