L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), s’est dit vendredi 13 mars vivement préoccupé par des actes de violence sexuelle généralisée et systématique contre des femmes et des jeunes filles congolaises, perpétrés par des groupes armés dans la province du Tanganyika, en République démocratique du Congo, où des milliers de personnes ont été déplacées cette année.
Selon les autorités locales, plus de 23.000 personnes ont été déplacées depuis le mois de mai dans le seul territoire de Kongolo, au nord du Tanganyika. La plupart ont fui l’insécurité à plusieurs reprises au cours des trois derniers mois.
« Au cours des deux dernières semaines seulement, les partenaires humanitaires dans les zones de santé de Kongolo et Mbulula, ont enregistré 243 actes de viols, dont 48 ont été subis par des personnes mineures, dans 12 villages différents. Cela représente une moyenne de 17 attaques signalées chaque jour », a précisé Shabia Mantoo, une porte-parole du HCR lors d’un point de presse à Genève.
Le signalement des violences sexistes reste tabou
Selon le HCR, les chiffres réels pourraient être encore plus élevés, car le signalement des violences sexistes reste tabou dans la plupart des communautés. En plus du sévère traumatisme physique et psychologique causé par le viol, les victimes de la violence sexuelle peuvent être confrontées à la stigmatisation et à une possible exclusion de leur famille.
Les attaques seraient menées par des groupes armés rivaux qui se disputent le contrôle des zones minières - en particulier des mines d’or - et en guise de représailles contre les opérations militaires menées par le gouvernement. Les civils sont pris au piège au milieu d’affrontements intenses entre plusieurs groupes armés.
« Notre personnel a entendu d’effroyables témoignages de l’extrême violence. Des personnes déplacées ont accusé les groupes armés de se livrer à des viols collectifs, alors que les femmes tentent de fuir leurs foyers. Certaines femmes et jeunes filles ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles par des membres de groupes armés. Des rançons ont été demandées aux familles en échange de leur liberté », a dit Mme Mantoo.
Le HCR et ses partenaires continuent de travailler avec les autorités locales et les organisations humanitaires pour assurer qu’un soutien psychosocial et médical est fourni aux victimes, mais le conflit en cours et les longues distances à parcourir pour atteindre les centres de santé rendent l’accès à l’aide extrêmement difficile.
« Le HCR appelle les autorités à renforcer de toute urgence la sécurité dans la zone dénommée « triangle de la mort » - qui borde plusieurs localités entre les provinces du Tanganyika, du Maniema et du Sud-Kivu - afin de protéger les civils, en particulier les femmes et les jeunes filles, de permettre l’accès humanitaire, et de faire le nécessaire afin que des enquêtes soient lancées et que les responsables soient traduits en justice », a dit la porte-parole.
Selon les estimations de l’ONU, en juillet 2021, près de 310.000 personnes ont été déracinées par l’insécurité et les violences et sont actuellement déplacées dans la province du Tanganyika.
Les besoins humanitaires et en matière de protection augmentent et le HCR recherche un soutien financier supplémentaire. Les contributions reçues à ce jour correspondent à une part de 36% du montant nécessaire de 205 millions de dollars pour son opération en RDC.
Avec ONU Info.