Jacques Djoli : « A environ 884 jours, lier les élections de 2023 au recensement risque d’occasionner des échauffourées »

Le Groupe de treize (G13) personnalités politiques a fait une déclaration mardi 13 juillet à la presse, pour dénoncer le manque de consensus pour la désignation des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Ces personnalités dénoncent aussi certaines initiatives susceptibles à replonger le pays dans la crise. Elles parlent notamment de l’option du gouvernement tendant à conditionner la tenue des élections au recensement de la population. « A plus ou moins 884 jours, lier la question des élections de 2023 à la problématique de recensement risque encore d’être encore une occasion d’échauffourées et de tiraillement au sein de la classe politique », estime Jacques Djoli, député national et membre du Groupe des 13 parlementaires.

Dans cet entretien accordé vendredi 16 juillet à Radio Okapi, il commente aussi la loi sur la nationalité congolaise, déposée à l’Assemblée nationale.
 

Radio Okapi : Jacques Djoli, bonjour. Dans votre déclaration de mardi 13 juillet dernier, le G7 se dit préoccupé par la situation socio-politique et économique du pays.
Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus ? 

Jacques Djoli : [ce qui nous préoccupe le plus, c’est] la situation socio-économique caractérisée notamment par une certaine embellie de chiffres, notamment l’accroissement de réserve dû essentiellement à la bonne tenue de nos exportations minières. Cependant, l’allocation de ces ressources vers le secteur social reste encore timide, nonobstant par exemple l’augmentation de salaire des magistrats. Ce qui préoccupe le G13, c’est une approche globale qui viserait la transformation de notre économie, de cette économie de rente et d’exploitation brute des matières premières à une économie de transformation qui ferait de notre pays un bassin industriel. 

Sur le plan socio-politique, si on peut se féliciter de cette alternance, nous restons quand même préoccupés par la permanence de tension à tous les niveaux. Il y a un dysfonctionnement grave au niveau provincial et au niveau national. Les éphémérides créées par les dernières propositions de lois créent des dissensions au sein de la plateforme majoritaire. De même, la promulgation de la loi sur la CENI risque d’être aussi une occasion de fissure, non consensuelle, alors que le G13 en ce qui concerne cette question électorale, nous aurions voulu que la démarche soit consensuelle. 

Vous dénoncez dans votre déclaration l’option prise par le gouvernement de conditionner les élections par le recensement de la population. Est-ce que cette option du gouvernement est officielle ? Si oui, qu’est-ce qui vous préoccupe ? 

L’option du gouvernement peut se comprendre ou doit se comprendre, parce que nous sommes un pays qui a fait plus de 40 ans aujourd’hui sans recensement. Il est quand même dommage que cette question qui doit être prioritaire, soit une question plus ou moins sous liée à la question des élections. 

A plus ou moins 884 jours, lier la question des élections de 2023 à la problématique de recensement risque encore d’être encore une occasion d’échauffourées et de tiraillement au sein de la classe politique. 

Comment analysez-vous la proposition de loi sur la nationalité déposée par le député Nsingi Pululu et la mise au point de président de l’assemblée nationale sur la question ? 

Je crois qu’au-delà de la chamaillerie et autres, il faudra se dire que la question de la nationalité, c’est une question substantielle d’un État. Et cette question était fixée à partir des éléments analysés à San city. Nous avons à cet effet résolu la question dans notre Constitution à l’article 70. 

Alors, lorsqu’on prend des initiatives dans le cas de liberté, il faudra savoir que la Constitution est le socle et le cadre et la mesure de tout. A partir du moment où une loi ne respecte pas la Constitution, il est important que pour la sérénité et la stabilité d’un état, qu’on ne puisse pas prendre cette tendance que moi j’appelle du « rabougris me ethno racial ». 

Le processus de désignation de membres de la CENI a été lancé. Quelle perception avez-vous du prochain processus électoral ? 

Le processus de désignation des membres de la CENI a été lancé, comme qui dirait « dura lex sed lex ». Cependant, il faudra qu’on prenne en compte les précédents. Il faut une CENI impartiale, les lois organiques sur la CENI ce sont des lois d’arbitrages, il est important que ces lois puissent sécuriser tout le monde. 

Quelle que soit la beauté de la loi, des acteurs qui seront choisis auront un rôle fondamental.       

Propos recueillis par Michel Kifinda. 

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