La Société nationale congolaise de chemin de fer du Congo (SCNCC) a inauguré, mercredi 6 janvier à Lubumbashi le train semi-direct dénommé New express Diamant Béton. Il part de Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga à destination de Mwene-Ditu dans la province de la Lomami.
C'est donc le premier train voyageur organisé par la SNCC, depuis le mois d'avril de l'année dernière à cause de la Covid-19. Son confort est salué par plusieurs voyageurs.
C’est à 8 heures juste que ce train a quitté la gare de Lubumbashi. A son bord, les membres du comité de gestion et une quarantaine des passagers. Bien avant d’arriver en gare, les passagers sont transportés dans un bus.
Une fois dans les installations de la SNCC, ils exhibent leur certificat de test Covid-19, et se font prélever la température par les agents de la police de l’hygiène aux frontières avant de prendre place à bord de ce train.
Ce train a une capacité d’accueil de 192 passagers. Il compte 10 voitures toutes équipées de couchettes, de tablettes et d'écrans. Il y a aussi des sanitaires.
Parmi ces voitures, il y en a qui accueille deux passagers et d’autres quatre. Les voyageurs ont droit à trois repas par jour jusqu’ à leur arrivée. Ce qui n’a pas laissé indifférents certains d’entre eux.
« Il y a un grand changement. En tout cas les conditions sont vraiment confortables. Nous voyageons dans de très bonnes conditions ? Nous avons droit à manger à bord du train jusqu’à ce que nous allions descendre », a reconnu un passager.
Ce train est doté aussi d’une voiture médicalisée et d’un personnel soignant pour parer à toute éventualité en cas de Covid-19, et pour tout autre problème de santé que rencontreraient les passagers. Il devrait arriver à destination à Mweneditu dans 48 heures. Un record par rapport à d’autres trains. Son retour à Lubumbashi est prévu pour dimanche prochain.
Reprise du trafic ferroviaire
Cette reprise de trafic ferroviaire intervient après plus de 10 mois de suspension.
Les sources proches de la SNCC justifient cette suspension par le manque des locomotives, le mauvais état de la voie ferrée causé par le manque d’entretien, ainsi que l’observance de l’Etat d’urgence sanitaire décrété en République démocratique du Congo (RDC).
Quelques règles à observer par les voyageurs sont communiquées par la SNCC pour éviter la propagation de l’épidémie.
Ce train New express Diamant Béton au confort VIP est organisé dans le cadre du programme de redressement et de la modernisation de la SNCC, initié par le Président de la République.
Les voyageurs sont priés d’avoir un bagage qui ne dépasse pas 30kg.
Chaque voyageur doit se munir des quelques flacons de gel hydroalcoolique.
La SNCC indique que dans le train se trouvent les services de restauration, la disponibilité de l’eau dans les latrines. Un grand écran dans chaque compartiment pour le divertissement des passagers.
Les opérateurs économiques de Mwene-Ditu et Mbuji-Mayi se réjouissent et félicitent les autorités de la RDC pour la relance du trafic ferroviaire.
A cet effet, Ronsard Kalonji, un des opérateurs économiques de Mwene-Ditu met déjà en garde les vendeurs de chanvre qui détruisent les plafonds du train pour cacher leurs marchandises.
A tous les clandestins, il leur demande d’abandonner les antivaleurs afin de permettre à la SNCC de maximiser les recettes.
Relance des activités économiques
Ce train arrivera vendredi 8 janvier à Mwene Ditu. Cette reprise du trafic ferroviaire dans la région permet aux opérateurs économiques qui déboursaient beaucoup d’argent pour atteindre la ville de Lubumbashi par avion et faire des économies.
Ce mouvement de train facilite également les échanges commerciaux entre les habitants des villes de Mwene-Ditu, Mbuji-Mayi, Kabinda et ses environs.
La relance du trafic ferroviaire permet aussi le désenclavement des provinces du Kasaï-Oriental et de la Lomami.
La circulation régulière des trains de la SNCC apporte à Mwene-Ditu, des produits manufacturés en provenance de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie, de la Zambie en passant par Lubumbashi.
Ce train inonde souvent les marchés avec les produits agricoles comme le maïs, le haricot, l’arachide, …
La suspension de ce train avait perturbé plusieurs activités de petits commerçants qui effectuaient des courses rapides pour se ravitailler dans des grands centres comme Lubumbashi et Kasumbalesa.
En revanche, la liaison ferroviaire fait vivre les villes et certaines localités des provinces du Grand Kasaï qui produisent l’huile de palme de qualité, les fruits comme l’ananas, les oranges et les citrons.
D’autres articles artisanaux tels que le raphia, les statuettes, et les balaies sont amenés pour la vente à Lubumbashi.
L’organisation de ce train New express Diamant Beton, va faciliter la circulation de la monnaie locale ainsi que des devises dans l’espace Kasaï.
La nouvelle sur le retour du train passagers à Mwene-Ditu est bien accueillie par les hôteliers, les détenteurs des restaurants et des tenanciers des bars.
Des défis à relever
Malgré la reprise du trafic ferroviaire entre Lubumbashi et Mwene-Ditu, plusieurs défis liés à l’acheminement des produits dans les centres de consommation tel que Mbuji-Mayi et Kabinda restent à relever. C’est notamment l’impraticabilité de la Route Nationale 1 et 2 dans son axe Mwene-Ditu-Mbuji-Mayi et Mbuji-Mayi-Kabinda.
Au niveau de la ville ferroviaire de Mwene-Ditu, sur la RN1, à quelques mètres de l’auditorat de garnison, les érosions ont sérieusement attaqué l’asphalte jusqu’à réduire sensiblement la route. Non loin du péage de Mwene-Ditu, la circulation est devenue difficile car une tête de ravin tend à couper la route.
Cette difficulté est également enregistrée sur plusieurs endroits de la Route nationale numéro 1 dans son axe Mwene-Ditu-Mbuji-Mayi où quelques têtes de ravin ont attaqué certains endroits.
Les véhicules de transport en commun qui parcouraient les 132 km pendant 2 heures, passent plus de 4 heures pour dévier les obstacles.
Les mêmes difficultés sont constatées sur la RN2 dans son axe Mbuji-Mayi-Kabinda. A 50 km de Kabinda, sur le lieu dénommé Jérusalem, les têtes d’érosion sont constatées de part et d’autre et empêchent la circulation des véhicules.
Les opérateurs économiques contactés par Radio Okapi, souhaitent que le gouvernement congolais s’investisse aussi dans la réhabilitation des routes d’intérêt national pour que le désenclavement prévu soit donc une réalité.
Du côté des autorités provinciales de Lomami et Kasaï-Oriental, leurs programmes ne prévoient pas la réhabilitation de ces axes estimant que ces routes sont d’intérêt national. C’est donc au gouvernement congolais de les réhabiliter.